Nos prudentes « prédictions » se sont malheureusement confirmées ces quinze derniers jours : augmentation exponentielle du nombre de cas, redécollage des hospitalisations en réa et des décès… Et les plans blancs qui se multiplient disent que l’hôpital n’est pas plus prêt à faire face que lors des précédentes vagues.
Certes, il y a maintenant des masques, des protections, des traitements et des procédures qui améliorent beaucoup le pronostic et limite le risque pour les soignantEs ; mais les nombreuses fermetures de lits aggravent l’impact de ce nouvel afflux de malades graves, et de nouveau il y aura des actes non réalisés, différés ou annulés, en dehors de la sphère covid, avec des pertes de chances nombreuses. Les personnelEs, stigmatisés, floués, découragés, pourront de moins en moins faire face et le risque est réel d’un effondrement global d’hôpitaux, pour lesquels il ne suffira pas de décréter le « plan blanc » : unE travailleurE hospitalier en arrêt maladie pour burn-out n’est pas réquisitionnable… et il n’y a pas, ou plus, de « réserve sanitaire ».
Répartition différenciée des vaccins
La réponse gouvernementale est comme toujours une improvisation sous le masque de la rationalité. L’extension de la vaccination aux 5-12 ans (que Castex illustre par le fait qu’il a été infecté par sa fille de 11 ans, alors qu’on connaît le rôle des jeunes dans la diffusion du virus depuis des mois…) et la pression pour amener la population à rechercher une injection de rappel au plus vite se heurtent toujours aux mêmes réalités : inégalités d’accès à l’information, aux dispositifs de rendez-vous, aux sites de vaccination… Et toujours rien de prévu pour atténuer la répartition différentiée des vaccins selon la sociologie et la géographie. On espère que le vaccin Sanofi à venir en 2022 sera plus « convaincant » (?), mais toujours pas de généralisation des expériences, souvent des initiatives militantes, qui ont permis d’atteindre les plus éloignéEs de la vaccination. Alors qu’on va exiger au 15 janvier de pouvoir présenter une preuve de la troisième injection, il est actuellement difficile dans de nombreuses villes d’obtenir un rendez-vous avant le mois de mars…
De même, la question des restrictions de type confinement est actuellement taboue. Mais on ferme les boîtes de nuit (où chacun sait qu’on est plus serrés que dans un wagon de métro ou un bus…), ce qui préfigure d’autres restrictions à venir, concernant plus de monde. Mais pour l’instant, chut, pas un mot sur le télétravail voire le probable recours à un temps de confinement pour « casser » la dynamique épidémique constatée…
Combat pour la vaccination universelle
Encore et toujours, alors que toute l’Europe est de nouveau confrontée à une vague massive et mortifère, redisons l’utilité de la vaccination, et du rappel qui renforce l’immunité, même vis-à-vis du variant Omicron, semble-t-il. Relisons le reportage du Monde du 1er décembre à l’hôpital de Colmar, où les infirmières interrogées racontent, entre autres, leur désarroi de soigner des patientEs qui meurent en regrettant d’avoir refusé ou négligé le vaccin… Le combat pour la vaccination universelle passe par la pression collective pour sa disponibilité partout dans le monde, en mettant fin au scandale des brevets et par la discussion sans cesse reprise avec celles et ceux qui ne sont pas vaccinés afin qu’ils et elles se protègent autant qu’on peut l’être des formes graves et/ou chroniques.
Dernier point de ce tour d’horizon, les « covid longs », cet ensemble de symptômes diffus accompagnés de fatigue extrême pendant six mois ou plus, sont toujours aussi peu pris en charge. Une récente étude française a remis en cause la responsabilité du virus (pour faire vite « c’est plutôt dans la tête »), mais ses limites méthodologiques ont amené des contestations argumentées. Les enjeux sont massifs, puisque ce syndrome concerne au moins 10 % des personnes infectées (rappel : près de 9 millions de cas avérés en France depuis le début de l’épidémie). Exigeons un recensement épidémiologique des cas, afin de permettre l’organisation d’une prise en charge sociale de la détresse des personnes atteintes, accompagnant une prise en charge médicale qui ne se fonde pas sur le sentiment que « c’est plutôt dans la tête ». Le covid tue, mais il crée aussi du handicap, celui-ci doit pouvoir être reconnu.
PS : À faire plus ou moins régulièrement un point sur la situation de la pandémie, le commentateur bénévole de l’Anticapitaliste pourrait finir par se prendre pour Olivier Véran… Il n’en est heureusement pas encore là, la preuve, il reconnaît ses erreurs : dans le dernier papier sur le thème « Pandémie : encore là pour longtemps », j’ai écrit que le rapport de protection par le vaccin vis-à-vis des passages en réa et des morts était à multiplier par celui des vaccinés/non-vaccinés, environ trois. C’était une ânerie, les rapports énoncés (entre 7 et 12, selon les pays et les critères) intègrent déjà cette proportion. Mes excuses à celles et ceux qui auraient repris à leur compte cette erreur dans leurs discussions en faveur de la vaccination. Il n’y a rien à changer sur la conclusion, toujours très en faveur de la vaccination. Mais bon, si l’Anticapitaliste ne dit pas la vérité, qui la dira ?