En quelques jours le discours gouvernemental concernant l’épidémie s’est fait moins euphorique. Tous les signaux, tant au plan international que national, laissent en effet prévoir, à l’automne (voire plus tôt) une « quatrième vague », portée par le variant « delta » (identifié d’abord en Inde).
Confirmant ce qui se passe dans d’autres pays (États-Unis, Royaume-Uni, Allemagne, Portugal, Russie, Singapour, Australie....) la progression de ce variant est très rapide en France. Selon le ministère de la Santé lui même, il a représenté 10,5 % des nouvelles contaminations dans la semaine du 14 au 20 juin, alors que la fourchette se situait entre 2 et 4 % la semaine précédente.
À ce rythme, il ne fait guère de doute que, dans quelques semaines, le variant « delta », considéré comme 40 à 60 % plus transmissible, sera devenu dominant sur tout le territoire. Le centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) prévoit qu’il représentera 70 % des contaminations dans l’Union européenne d’ici fin juillet et 90 % d’ici l’automne. La bonne nouvelle, malgré la mauvaise, est que les vaccins semblent conserver une assez bonne efficacité – si la vaccination est complète (deux doses).
La question posée aujourd’hui n’est donc pas de savoir s’il y aura une «quatrième vague», mais de se préparer à y faire face, pour que son ampleur soit la plus réduite possible. La vaccination, accompagnée de mesures de prévention et de dépistage rapide sont les éléments clés pour y parvenir.
Une vaccination qui patine
Mais, alors même que la vaccination apparait comme une question clé, elle montre des signes d’essoufflement. De près de 400 000 par jour, début juin, le nombre de premières vaccinations a chuté à 200 000, et les plateformes d’inscription voient les demandes baisser pour les prochaines semaines, malgré l’ouverture de la vaccination à partir de 12 ans.
Après la lenteur des premiers mois et le manque de doses, on est désormais confronté à la difficulté à convaincre les secteurs de la population les plus réticents afin d’atteindre une couverture vaccinale suffisante, ainsi qu’à l’insuffisance des moyens pour remonter et casser les chaînes de contamination. Or, pour y parvenir, il faudrait agir avec des moyens humains de proximité, mobiles, allant au devant de la population, menant un travail de conviction, favorisant l’accès à la vaccination et pratiquant avec bienveillance et compréhension le traçage et l’isolement des personnes contaminées : des moyens inenvisageables pour un pouvoir qui pense pouvoir remplacer l’humain par des applications numériques et ne connaît que les injonctions culpabilisantes et les menaces de sanction.
Responsabilités gouvernementales
Lors de leur déplacement dans les Landes, Castex et Véran n’ont rien trouvé de mieux à faire que montrer du doigt les soignantEs, pas encore convaincuEs de se faire vacciner, et de les menacer de rendre obligatoire la vaccination en septembre.
Ces injonctions sont d’autant plus malvenues que le pouvoir, malgré les promesses présidentielles, n’accorde toujours pas les moyens indispensables aux EHPAD et aux hôpitaux, abandonne les équipes soignantes à leur sort, accélère le délabrement du système hospitalier public.
Enfin, la succession indéfinie des « vagues » continuera à déferler tant qu’une immunité ne sera pas acquise au niveau mondial, ce qui suppose la levée des brevets à laquelle, malgré ses déclarations, Macron continue de s’opposer.
S’il n’y a pas de fatalité à ce que la 4e vague soit à nouveau marquée par la multiplication des cas graves, des hospitalisations et des morts évitables, c’est la mobilisation pour imposer d’autres choix que ceux de l’exécutif qui permettra de l’éviter.