Nouvelle tarification à l’activité dans le secteur social : un pas de plus vers l’aliénation des professionnelEs et la déshumanisation des personnes en situation de handicap.
Début janvier, Macron annonçait vouloir en finir avec la tarification à l’activité (T2A) qui gangrène l’hôpital public. Quelques semaines plus tard, avec tout le cynisme de son fameux « en même temps », sa ministre déléguée chargée des Personnes handicapées, annonce le maintien de la réforme SERAFIN-PH et son déploiement d’ici 2025, une réforme de la tarification à l’activité dans le secteur du handicap.
Tarification à la prestation
Avec la même logique que dans l’hôpital, la tarification de SERAFIN-PH vise à transformer les financements régionaux (agences régionales de santé) pour les établissements médico-sociaux. Amenant une tarification à la prestation et à la financiarisation des besoins des personnes accompagnées, elle amorce le glissement d’une obligation de moyens à une obligation de résultats. Pas besoin d’aller très loin pour observer les dégâts de SERAFIN-PH : 10 % des établissements médico-sociaux ont accepté d’être pilote, les professionnelEs ainsi que les associations d’usagerEs dénoncent des conditions de travail et d’accompagnement dégradées.
Travail social technicisé
En toile de fond, c’est bien l’uniformisation des accompagnements des personnes en situation de handicap qui est en jeu : faire entrer les actes éducatifs, et in fine, les personnes en situation de handicap dans des cases. Les professionnelEs de certains services pilotes se sont vu attribuer des chronomètres afin de standardiser leurs pratiques. C’est l’émergence d’un travail social technicisé et déshumanisant, sortant de ses revendications émancipatrices. Les défenseurs de SERAFIN-PH le portent pourtant comme un outil qui permettrait la désinstitutionalisation des personnes en situation de handicap, vidant ainsi de sa substance émancipatrice cette revendication politique portée par les collectifs de personnes en situation de handicap. Celle-ci a pour but de transformer les normes validistes afin d’inclure en tant que sujets dans la société les personnes en situation de handicap, pour les sortir des institutions. Là où SERAFIN-PH les assigne à des places d’objet marchand, pour rationaliser les dépenses publiques.
Cette contre-réforme s’inscrit dans une logique plus large de casse du service public du secteur, SERAFIN-PH n’est que le dernier instrument du processus de libéralisation des politiques sociales. Des initiatives émergent pour lutter contre cette nouvelle tarification à l’activité, le collectif de travailleurEs du social marseillais « Le social brûle » organise une commission de lutte contre SERAFIN-PH1. Pour inverser la vapeur, nous devons nous appuyer sur les mobilisations existantes, articuler les revendications émancipatrices des usagerEs, aux revendications salariales des professionnelEs pour aller gagner des investissements à la hauteur des besoins et construire ensemble un service public du social émancipateur.