La vague Omicron arrive au pire moment. L'Europe n'est pas sortie de la vague Delta, l'hôpital est saturé et ses personnels épuisés, comme l'a montré la grève du 4 décembre. Le système de traçage est débordé, et de nombreux gouvernements ont levé les gestes barrière, comme en Angleterre, pour faire repartir l'économie. Arc-boutés sur la défense des profits de l'industrie capitaliste de la vaccination, les gouvernants ont refusé de lever les brevets, de réquisitionner les capacités de production, ce qui aurait permis une vaccination universelle.
L'apartheid vaccinal a accouché d'Omicron, qui semble multiplier par deux les risques de contamination. Ceux qui sont rassurés par le fait que les dernières études montrent un risque d'hospitalisation diminué de 29% ont bien tort. Un risque d'hospitalisation diminué, mais un nombre de contaminations qui, à chaque cycle, fait deux fois plus de malades, cela fait au total beaucoup plus de morts, de covid longs, de personnels hospitaliers contaminés, de risque d'effondrement du système de santé et d'abandon des autres soins, faute d'avoir voulu investir massivement dans la santé. Seule la vaccination — mais dans les pays les plus riches seulement — fait que la mortalité n'a pas explosé à la hauteur des contaminations, confirmant l'efficacité vaccinale contre les formes graves du covid, notamment avec la troisième dose.
Convaincre plus que contraindre
Une efficacité calculée par les études en suivi de population réelle en Afrique du Sud, qui montre une efficacité contre l'hospitalisation qui baisse seulement de 93 à 70% avec l'Omicron, mais qui avec deux doses s'effondre contre le risque d'infection de 80% à 33%. Alors qu'une large étude en Grande-Bretagne montre un épuisement de l'efficacité vaccinale cinq mois après la deuxième dose, avec une protection qui s'effondre à 30%, mais qui remonte à 71-75% contre les formes symptomatiques du covid après la troisième dose.
La première réaction, en ordre dispersé, des gouvernements européens, a d'abord été de fermer les frontières. Activistes et épidémiologistes ont dénoncé cette double peine, déjà inefficace contre le variant Delta, pourtant moins contagieux, dés lors qu'Omicron circule déjà largement en Europe. La deuxième réaction c'est l'accélération de la vaccination, avec comme arme la tentation d'étendre l'obligation vaccinale à tous les métiers, le pass vaccinal, les menaces de licenciements, la mort sociale comme argument de conviction. Nous sommes des fervents partisans de la vaccination, dénonçons le double discours de Macron qui veut une forme d'obligation vaccinale dans les pays riches, et l'abandon sans vaccins du reste du monde ! Mais nous pensons toujours qu'il existe une autre voix pour convaincre. Il reste six millions de non-vaccinés en France, plus de 600 000 parmi les plus fragiles face au covid. Souvent les plus pauvres, les plus éloignéEs du système de soins. Les menaces ne les font plus bouger, ont multiplié les faux pass. Convaincre plus que contraindre, parce que c'est ce qui permet d'aller chercher les plus hésitantEs, comme le fait avec succès, mais peu de moyens, l'association Santé environnement pour tous, de Yazid Attala, dans les quartiers Nord de Marseille. En Guadeloupe, 660 hospitalierEs sur 3300 ont été mis à pied pour refus de vaccination. La contrainte n'a pas été suffisante.
Vacciner, tester, isoler, associer
Nous savons bien que la vaccination volontaire des enfants ne sera efficace que dans quelques mois, que la vaccination est indispensable, mais pas suffisante pour casser la contagiosité redoublée de l'Omicron. Alors si nous ne voulons pas être contraints aux couvre-feu, confinements, il faut vacciner, mais aussi tester, isoler, fabriquer des gestes barrières avec les populations. Pour les aspects techniques cela veut dire aération, testeur de CO2, jauge dans les salles, port du masque, lavage des mains, réquisition de bâtiments, télétravail contrôlé par les salariéEs… En clair prendre du pouvoir sur nos vies, nos conditions de travail, tout le contraire de la Macronie et du monde capitaliste ! Cela veut dire tests, auto-tests, tests réguliers à l’école. Le scandale du déremboursement des tests pour ceux qui en ont le plus besoin, pour eux et pour les autres, à savoir ceux qui ne sont pas vaccinés doit cesser. Les tests à l'école ne sont pas assez nombreux, dans une tranche d'âge où le nombre de nouveaux cas explose, avec le risque de dissémination aux plus âgés, notamment au moment des fêtes.
Les équipes de tracing de l’assurance maladie sont dépassées, faute d'embauches, parfois un simple SMS le remplace. Le retro-tracing, qui remonte en arrière les chaines de contamination, très efficace mais gourmand en personnel, a été abandonné, là aussi faute d'embauches. Quant aux équipes Covisan, testées avec succès en Ile-de-France, qui passaient à domicile pour fabriquer des patientEs expertEs-acteurEs de leur isolement à la maison, dont la généralisation avait été promise par Véran, encore un vœu pieux ! Contre la politique du bâton de Macron, une autre voix et une autre voie face au covid existent !