Publié le Lundi 28 septembre 2015 à 09h09.

Valognes (50) : Fermeture des urgences, une politique criminelle

Le 6 août, le service d’accueil des urgences de Valognes était fermé pour une durée indéterminée, en même temps que le Smur de la ville. La raison invoquée : un déficit de personnel médical. Pour une urgence, il fallait donc faire des dizaines de kilomètres supplémentaires.

Il y a quelques mois, il avait déjà été question de fermer les urgences du lundi 8 heures au vendredi 8 heures pendant la période estivale. Prière de tomber malade seulement le week-end ! Et c’est par une affiche sur la porte de l’hôpital que les habitants de la région ont découvert que les urgences étaient fermées pour une durée indéterminée. 100 000 personnes étaient ainsi du jour au lendemain privées d’un service essentiel de la santé.

Un prétexte...

L’argument du manque de personnel n’est pas très convaincant, tellement il va dans le sens d’une réorganisation annoncée de longue date des services d’urgence, réorganisation qui s’accélère : il serait question d’en fermer 67 sur les 650 existants. Un ballon d’essai à Valognes cet été ?

La région Basse-Normandie est déjà très déficitaire en médecins puisqu’il en manque 80 pour les urgences. Le plan d’économies avait déjà conduit à la fermeture de la chirurgie et de la maternité suite à la fusion de l’hôpital de Valognes avec Cherbourg, des villes distantes d’une vingtaine de kilomètres.

Malgré les démentis des autorités, cette situation était plus que prévisible. Les autorités sanitaires avaient été alertées depuis fort longtemps. La politique du numerus clausus, instaurée il y plus de 40 ans déjà pour des raisons d’économie, a des répercussions sur la désertification médicale à laquelle on assiste actuellement.

L’hôpital de Cherbourg a, lui, subi de plein fouet la fermeture de Valognes, puisque, dès le premier jour de fermeture, il accueillait 70 personnes de plus que d’ordinaire. Quoi d’étonnant à ce que arrêts maladie, burn-out, etc. se multiplient dans cet établissement ?

Une mobilisation populaire

Dès le 12 août, une réunion a eu lieu regroupant 300 personnes. Un pompier volontaire témoignait : « lorsque Valognes était ouvert, nos interventions duraient 45 mn en moyenne contre 2 heures aujourd’hui, et nos deux ambulances sont souvent en intervention en même temps ». Les participants parlaient d’insécurité sanitaire. Une manifestation était fixée pour le 22 août. Entre-temps, le 15 août, devant l’ampleur de la protestation et la publicité faite dans tout le pays sur les antennes nationales, le Smur rouvrait.

Le 22 août, en pleine période de congés, 3 000 personnes ont manifesté à Valognes. Du jamais vu. Mais le 14 septembre, le tribunal administratif de Caen a débouté le recours en référé des maires de six communes, la CGT, l’association de défense de l’hôpital, contre la fermeture des urgences. Celles-ci ne rouvriront donc pas sans une mobilisation d’ampleur de la population.

Un plan d’économies de 3 milliards d’euros et 22 000 suppressions d’emploi d’ici 2017, c’est ce à quoi correspond la somme que les hôpitaux vont régler aux banques pour les emprunts toxiques que le gouvernement leur a imposé de payer. Ce n’est donc pas un problème d’argent mais de choix de société : veut-on privilégier les banques ou la santé de la population ?

CorrespondantEs