Publié le Jeudi 12 avril 2012 à 17h24.

100 euros pour toutes et tous !

STMicroelectronics est une grosse entreprise, cotée au CAC40, subventionnée par les collectivités territoriales. Les États français et italien en sont les plus gros actionnaires. Elle a fait 650 millions de dollars de bénéfices en 2011 et a reversé 360 millions de dividendes aux actionnaires. Du côté des salariéEs, la vie est très différente : plusieurs semaines de chômage partiel encore cette année et des augmentations au ras des pâquerettes. La direction fait payer la crise aux salariéEs avec la bénédiction de l’État actionnaire.

Mais les salariéEs ne se laissent pas faire ! Depuis une quinzaine de jours la mobilisation a pris de l’ampleur. Débrayages de quelques heures, grèves dans les différentes équipes, manifestation devant le site de Crolles (38), blocage de la salle blanche à Rousset (13)… L’intersyndicale CGT-CFDT, bien que fragile, tient bon et c’est un élément important pour la mobilisation. Malgré les difficultés liées aux équipes décalées, à la pression extrêmement forte de l’encadrement, le mouvement s’est construit, radical aussi bien dans ses formes que dans ses revendications. Il faut dire qu’il se heurte à une direction jusque-là inflexible.

À Crolles, LA revendication est de 100 euros pour toutes et tous, quels que soient le statut et le salaire. C’est essentiel car cela permet d’unifier le mouvement, de ne pas entrer dans le jeu de la direction qui veut diviser entre opérateurEs et technicienNEs d’un côté et ingénieurs et cadres de l’autre. C’est aussi refuser l’individualisation et la concurrence générée, entre autre, par les entretiens annuels et les augmentations au mérite. C’est le moyen de rattraper (un peu) les pertes dues au chômage partiel, à l’augmentation des prix… Si le mouvement gagne, une énorme brèche sera ouverte pour la suite, pour démontrer l’efficacité de la mobilisation, pour des augmentations générales et pas individuelles, plus équitables car la somme fixe favorise les bas salaires contrairement aux augmentations en pourcentage. La mobilisation a déjà des conséquences positives : fierté de ne pas se laisser écraser par la direction, solidarité des salariéEs, renforcement et cohésion des équipes syndicales… C’est sûr, ce ne sera plus pareil ! D’autant plus qu’en fin de semaine dernière, il semble que la peur ait un peu changé de camp. Entre le blocage à Rousset et l’intrusion des salariéEs jusque devant le bâtiment principal à Crolles, la détermination du mouvement a obligé la direction à rouvrir les négociations. C’est déjà une première victoire importante ! La direction a proposé dans l’urgence une réunion mardi 10 avril. Les salariéEs sont plus déterminéEs que jamais et devaient décider mardi si les propositions de la direction leurs convenaient ou s’ils/elles poursuivraient le mouvement pour les 100 euros pour toutes et tous !

Correspondante