En avril, le nombre des chômeurs totaux sans aucune activité recensés à Pôle emploi (catégorie A) a baissé de 19 900 personnes après 60 000 en mars. Et le gouvernement immédiatement de crier victoire. Mais, cette baisse ne fait qu’ébrécher le chômage de masse et est dérisoire comparée aux 3 511 000 personnes qui restent au chômage. Par ailleurs, 1 885 900 personnes à la recherche d’un travail sont occupées quelques heures par semaine. Au total, donc, 5 397 000 personnes cherchent du travail.
Il faut y ajouter 702 700 personnes inscrites à Pôle emploi et qui sont soit non immédiatement disponibles et sans emploi (par exemple en formation ou en maladie), soit pourvues d'un emploi plus ou moins précaires (contrats aidés). Plus de 6 100 000 personnes au total sont donc inscrites à Pôle emploi et environ une sur deux est indemnisée (3 140 000).
Comme les créations d’emplois par les entreprises demeurent très faibles (malgré les milliards du pacte de compétitivité et du CICE) et que les services publics passent à la moulinette des compressions d’emplois, le gouvernement va mettre le paquet sur les emplois subventionnés et l’envoi dans des formations plus ou moins utiles de nombreux chômeurs. Il s’agit d’obtenir une baisse plusieurs mois de suite et ainsi « d’inverser la courbe du chômage ». Même si cet objectif se réalisait, le nombre des chômeurs ne serait qu’égratigné : ils continueraient de représenter environ10% des actifs.
Ce chômage de masse est utilisé pour faire pression sur les salaires et les conditions de travail de ceux qui sont en emploi, notamment des jeunes. De plus, il a des conséquences dramatiques sur les chômeurs et leurs familles. Selon un rapport du Conseil économique social et environnemental, 10 000 à 14 000 décès seraient chaque année directement imputables au chômage, dont 600 suicides. A titre de comparaison, les accidents de la route tuent 3 500 personnes par an. Comme le souligne le chercheur qui a dirigé l’étude : «La stigmatisation des chômeurs, le stress et les problèmes familiaux participent à cette surmortalité.»