Juniac, déjà super PDG d’Air France, va remplacer Spinetta à la tête de la holding Air France / KLM. Spinetta vient en effet d’annoncer son départ à la retraite pour juillet. À 70 ans il était temps !Spinetta avait déjà pris une première retraite en quittant Air France en décembre 2008. Il avait alors fait valoir son droit à la retraite chapeau qui lui avait rapporté environ 590 000 euros annuels. Cela en plus de sa retraite de haut fonctionnaire, de sa part sécu et sa retraite complémentaire, de sa paie comme président du conseil de surveillance d’Areva, de ses revenus de membre du directoire d’Alcatel Lucent, de ses jetons de présence comme administrateur de Gdf Suez, Saint-Gobain, Unilever… Il avait donc rempilé en 2011 en devenant PDG de la holding Air France / KLM. Un million d’euros pour une retraite active, quel sens du sacrifice !Des salariés sacrifiés…Conformément aux prévisions de croissance mondiale du trafic aérien qui devrait doubler dans les 20 ans à venir, Air France ne cesse de grossir et de se développer. Il faut financer les investissements… et les retraites chapeau (100 millions d’euros provisionnés dans ce but). C'est le moment où l'on pense aux salariéEs : Gel des salaires, baisse de l’ancienneté, et bien sûr augmentation du temps de travail… L'accord sur le temps de travail signé en janvier par l’Unsa va faire travailler en moyenne les salariés deux semaines de plus, avec suppression de pauses liées aux horaires de nuit et des pauses de midi.Le mécontentement des salariés monte, et la goutte d’eau a été en janvier la modification de la présentation des feuilles de paie, où l’ancienneté a été sortie du salaire de base. Ce n’était qu’une présentation comptable, mais qui a symbolisé l'annonce de nouvelles attaques sur les salaires.Depuis, l’entreprise est parsemée de conflits localisés : grève de dix jours au fret Charles-de-Gaulle pour le maintien des jours de pénibilité ; grèves dans les escales – Marseille, Toulouse ou Bordeaux – contre des suppressions d’emploi ; grèves dans les magasins du secteur industriel le week-end, ce qui force les cadres à interrompre leur repos pour venir remplacer les grévistes la nuit ; mouvements à l’escale d’Orly…… et révoltés !Ces conflits ont plusieurs caractéristiques : ils sont suivis à 100 % à l’appel de Sud ou de la CGT, les seuls syndicats non signataires. Les revendications sont minimes et visent à gagner en contournant le plan Transform (voir Tout est à nous ! n° 188). Refus de badger le midi au centre logistique Roissy, temps de douche non décompté du temps de travail à l’atelier moteurs d’Orly, contre le licenciement injuste d’un gardien d’une entreprise de sous-traitance aux chantiers avion d’Orly, un meilleur horaire variable dans l’usine de Villeneuve-le-Roi, etc. L’attitude des directions locales est rigide, et ce n’est qu’au prix d’actions très radicales (occupation surprise du CE industriel, occupation du Chsct) que les mécaniciens avion du secteur B777 sur Roissy ont par exemple pu faire reculer la direction et regagner une vacation de repos dans leur horaire.De leur côté, les pilotes et leur syndicat corporatiste ont décidé de suspendre la partie du plan les concernant, sous prétexte que les hôtesses et stewards ne se sacrifiaient pas assez dans l’accord finalement signé par leurs principaux syndicats…La direction craint une explosion généralisée, les salariés sont dans une colère sourde, une partie de l’encadrement est démotivée… À nous d’agir pour unifier autour de revendications solides, avec des formes d’action et une organisation sous le contrôle des salariés, conditions nécessaires pour gagner.Jet Aelys
Crédit Photo
DR