Cette année la manifestation des victimes de l’amiante, le 9 octobre, à l’appel de l’Andeva et de la Fnath, se déroulait dans le contexte de la mobilisation contre la réforme des retraites. La banderole de tête donnait le ton : « Ceux qui vont mourir plus tôt doivent partir en retraite plus tôt ». Pas de sono ni de slogans, simplement un long cortège de 5 000 manifestants silencieux, dignes et déterminés. Les calicots et les pancartes faisaient le tour des revendications : « non à la double peine », « la préretraite n’est pas un privilège », « pour un procès pénal de l’amiante », « Valéo assassin », « les empoisonneurs doivent être jugés », « non à la suppression du juge d’instruction ». D’autres pancartes avec photos et prénoms des victimes décédées de ce « poison » témoignaient de la souffrance et de la colère des familles, des proches et des collègues. Les cortèges en rang serrés témoignaient de la vitalité de la mobilisation des associations organisatrices dans les départements et régions : de la Bretagne au Languedoc-Roussillon, de la Lorraine à la Picardie, plusieurs dizaines de départements étaient représentés : les chantiers navals de La Ciotat, Dunkerque, Cherbourg, et de Loire-Atlantique, bien sûr, mais aussi Amisol de Clermont-Ferrand, la CGT Mines et énergie d’une centrale EDF des Landes et la CGT retraités de Sanofi-Aventis de Vitry. En début de cortège, une cinquantaine d’italienNEs de « l’association familiale des victimes de l’amiante » témoignaient de la solidarité internationale, alors que se poursuit le procès des 2 900 victimes de l’amiante contre Eternit, à Turin. Une manifestation réussie malgré l’absence remarquable et déplorable de délégations représentant les confédérations et unions syndicales. Pourtant, à ce moment de la mobilisation contre la réforme des retraites Woerth-Sarkozy, il était bon de rappeler que le volet pénibilité de la réforme qui a baissé à 10 % le taux d’invalidité pour bénéficier du départ à la retraite à 60 ans, exclut de fait tous les salariés atteints d’une pathologie « amiante ». En effet, au début de la maladie, ceux-ci sont reconnus par la Sécurité sociale avec un taux d’incapacité permanente partielle (IPP) de 5 % seulement. Les victimes de l’amiante sont aussi victimes de cette contre-réforme ! Tel était bien le message des manifestants. Correspondant
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