Bien que venant deux jours après le deuxième tour des régionales, la journée d’action du 23 mars a été un succès. Plusieurs dizaines de milliers de manifestants à Paris, plusieurs centaines de milliers dans l’ensemble du pays. De nombreux débrayages et grèves, notamment dans les grandes entreprises du privé, dans l’Éducation nationale, à la poste, à la SNCF, la RATP et les transports urbains de province. Presque partout la CGT constituait la plus grande partie des cortèges avec une présence significative de la FSU et Solidaires. Et, surtout, une grande diversité de colères. Suppressions de postes et conditions de travail mobilisent dans la fonction publique. Salaires et conditions de travail pour les salariés des transports en y ajoutant les fermetures de sites pour des milliers de travailleurs du privé. La question des retraites étant finalement le concentré des attaques contre les travailleurs : de meilleurs salaires, des emplois pour tous et toutes, de meilleures conditions de travail sont les vraies solutions au financement des retraites. Cela n’a pas arrêté les ardeurs contre-réformatrices du gouvernement et du patronat. Dans la foulée on apprenait que le Medef avait commandé une étude au COR sur les effets de l’allongement des cotisations à 45 annuités et le report de l’âge légal de départ à 65 ans et l’âge de départ sans décote à 70 ans ! Le représentant de la CGT, au plus fort de sa colère, a déclaré ne pas avaliser de telles propositions. Les organisations syndicales auraient pu en profiter pour arrêter de cautionner ces justifications de la contre-réforme et quitter ce COR décidément mal embouché ! Autre grand « acteur » patronal, l’UIMM (patrons de la métallurgie) confirme ses revendications : un premier étage financé par l’impôt, pour « tous ceux que les accidents de la vie (maladie, chômage, précarité), pénalisent dans leur droit à pension » ! Un deuxième étage d’assurance-vieillesse, financé par les cotisations et un troisième étage consistant « en un complément facultatif d’épargne personnelle, voie que l’État se doit d’encourager ». Le nouveau ministre parle d’équité, mais surtout réfléchit au niveau où placer les différents curseurs (annuités, âge légal, cotisations) pour ne pas fâcher trop de monde en même temps comme un vulgaire Juppé.Quant au Parti socialiste, il a repris l’initiative, dans le mauvais sens, avec François Hollande qui estime qu’il faut : « une réforme des retraites..., faire en sorte qu’il n’y ait pas d’impayés pour les générations qui viennent ou que nous soyons obligés d’emprunter »... « sans doute faut-il allonger la durée des cotisations à mesure que l’espérance de vie s’allonge ». Mais, « on peut très bien, tous les cinq ans, regarder ce qu’est l’espérance de vie et la pénibilité pour les métiers – parce que ça change – et puis on fixe des règles qui s’appliquent en fonction de la durée de vie ».Au final tous s’accordent pour nous faire travailler plus et toucher moins de pension. À nous d’imposer nos solutions : un emploi et plus de salaires pour toutes et tous. Et, pour cela, ne pas attendre le 1er Mai pour construire la mobilisation indispensable pour stopper ce gouvernement déjà défait dans les urnes. Robert Pelletier