Avant les attentats du vendredi 13 novembre, la semaine aurait dû être une semaine de grèves et de mobilisations importantes dans différents secteurs d’activité. La sidération, le deuil, l’interdiction des manifestations sur la voie publique ont mis en stand by ces mobilisations pourtant légitimes. Jusqu’à quand ?
Grève des aiguilleurs du ciel, à l’AP-HP (voir en page 9), dans les finances publiques, des enseignants dans le 93, mobilisation à Air France contre les licenciements et la répression (voir en page 12), et même grève générale à Mayotte…La semaine aurait dû être une semaine de forte mobilisations dans différents secteurs d’activité, mais les attentats de vendredi 13 novembre ont suspendu ces mobilisations, qui pour la plupart ont été reportées.
Ainsi, dans la plupart des secteurs d’activité mobilisés, les organisations syndicales se sont exprimées, souvent dans des cadres intersyndicaux, comme aux finances publiques dès dimanche : « Pour nos syndicats, ces revendications sont et demeurent plus que jamais légitimes et urgentes à satisfaire pour assurer un service public efficace et de qualité, encore plus indispensable dans la période. (…) Toutefois, soucieux de l’efficacité de leur action, nos syndicats prennent la mesure du contexte actuel et du choc que ces attentats inqualifiables ont provoqué tant dans l’opinion que parmi les agents des finances publiques ».
Des positionnements compris par les salariéEs qui ne se sentaient pas de se mobiliser cette semaine. Et les discussions montrent qu’il s’agit là de réactions bien plus vis-à-vis des victimes du terrorisme que d’un soutien aux mesures d’état d’urgence du gouvernement. De plus, l’interdiction des manifestations sur la voie publique jusqu’au jeudi 19 novembre rendait également difficile la visibilité de toutes ces mobilisations, ce qui est un véritable problème.
L’état d’urgence sociale
Au-delà de la colère et de l’émotion tout à fait légitimes, les revendications contre les politiques d’austérité, contre les suppressions massives d’emplois et les licenciements, contre la casse du code du travail et des services publics, restent plus que jamais d’actualité. Le gouvernement, avec la prorogation de l’état d’urgence, l’interdiction des manifestations aujourd’hui et peut-être demain, surfe sur l’émotion pour essayer de nous museler, de restreindre les libertés publiques... tout en continuant sa politique de destruction sociale.
Car aujourd’hui, ceux qui nous imposent ou applaudissent la mise en place de l’état d’urgence sont les mêmes qui s’acharnent contre le code du travail, les syndicalistes, le mouvement social dans son ensemble, et qui mettent en œuvre des politiques qui laissent filer le chômage, répandent la précarité au service du patronat et des plus riches. Et aucune des mesures liberticides et sécuritaires proposées lundi par Hollande devant le Congrès (on parle de milliards d’euros, trouvés par enchantement ?) ne seront efficaces pour lutter contre l’embrigadement de jeunes par Daesh, aussi parce qu’elles tournent le dos à toute politique sociale.
Plus que jamais, les revendications sociales, écologiques, contre les droits du monde du travail, contre le racisme, doivent se faire entendre. Pas question de laisser rogner notre droit à lutter contre la violence patronale, les suppressions d’emploi, l’austérité, les violences faites aux femmes ou les droits des migrantEs. Il est urgent que la lutte de classes reprenne le devant de la scène.
Sandra Demarcq