« Hors norme ». La presse et les responsables politiques sont unanimes pour qualifier le procès des attentats du 13 novembre 2015, qui s’est ouvert le 9 septembre. Il est certain que ce procès est singulier, en ceci notamment qu’il est l’occasion, pour tout un chacun, de se souvenir de la sidération, de la douleur et de la colère qu’il ou elle a ressenties lors des attentats perpétrés par des fanatiques de Daech, à Paris et à Saint-Denis, lors de cette tragique soirée.
« Vos guerres, nos morts », avions-nous affirmé à l’époque, parce que nous n’étions pas de ceux qui refusaient de faire le lien entre ces attentats et les politiques racistes, coloniales et impérialistes de la France et de ses alliés. Des politiques menées au nom de prétentions civilisationnelles, synonymes de guerres, de misère, de chaos, et véritable carburant pour les groupes jihadistes, au premier rang desquels, à l’époque, le sinistre « État islamique ».
Six ans plus tard, nous n’avons rien oublié, et nous ne céderons pas plus aujourd’hui que nous n’avions alors cédé aux sirènes du chauvinisme, de « l’union nationale » et de la fuite en avant liberticide et islamophobe. Nous n’avons pas oublié l’assaut du RAID à Saint-Denis, décrit par le Monde comme « une opération qui s’est déroulée avec une rare violence et dans une extrême confusion ». Nous n’avons pas oublié les perquisitions, les assignations à résidence et la campagne de stigmatisation des musulmanEs. Nous n’avons pas oublié les coups de menton de Valls, Hollande et consorts, et l’état d’urgence devenu permanent.
Ce procès est donc l’occasion tout à la fois de rappeler notre soutien aux familles et aux proches des victimes, ainsi qu’aux survivantEs traumatisés, mais aussi de réitérer notre refus de dédouaner la France et ses dirigeants de leurs responsabilités dans la tragédie du 13 Novembre et dans les futures tragédies qui pourraient survenir. À l’heure où, 20 ans après le 11 Septembre, les infâmes talibans sont revenus au pouvoir à Kaboul avec la complicité des USA, démonstration éclatante du cynisme mortifère des artisans de la « guerre contre le terrorisme » et des dangers que celle-ci continue de faire peser sur les peuples, nous le réaffirmons : les politiques racistes et impérialistes n’ont apporté, aux quatre coins du monde, que davantage de guerres, d’oppression, de misère, de discriminations et de violences. Il est urgent de passer, radicalement, à autre chose.