Publié le Vendredi 13 janvier 2012 à 22h08.

Assises du ferroviaire : une attaque frontale contre les travailleurs du rail !

Les « Assises du ferroviaire » lancées par le gouvernement en 2011 ont rendu leurs « recommandations ». Sans surprise, le gouvernement – mais aussi le PS – préconise une attaque contre le statut des cheminots et la mise en concurrence des marchés TER et TET (Trains d’équilibre du territoire : Téoz, Intercités, Lunéa) à partir de 2014. 9 000 km de lignes jugées non rentables sont menacées. Le gouvernement souhaite qu’il soit possible de remplacer la SNCF par des monopoles privés régionaux… actant par là un retour en arrière de 70 ans !

Ces préconisations oublient le bilan de la libéralisation du fret depuis 2006. Le trafic a été divisé par deux, les trafics les moins rentables volontairement abandonnés par la SNCF au profit de la route. Des triages sont fermées, des milliers de postes supprimés, au mépris du coût environnemental et social.

L’exemple anglais est éloquent, avec son chemin de fer entièrement privatisé : disparition de l’opérateur national (British Rail), sous-investissement, tarifs élevés. Il explique aussi une série de catastrophes ferroviaires. Le dernier accident mortel en date remonte à février 2007, dans lequel un train Virgin reliant Londres à Glasgow, a déraillé en raison d’une infrastucture défaillante et mal entretenue, entraînant un décès ainsi que des blessures pour sept voyageurs et le conducteur. Les compagnies privées semblent peu enclines à faire les investissements nécessaires à la sécurité des circulations. Pour des billets parmi les plus chers d’Europe, pour un des réseaux les plus vétustes et moins sûrs.

Les incidents engageant la sécurité des circulations impliquant les entreprises privées en France confirment cette tendance.

Cette libéralisation n’augure rien de bon pour les usagers qui auraient tort de voir dans la « mise en concurrence » la solution pour améliorer la qualité de service et baisser les prix. L’augmentation continue des tarifs de l’énergie, du carburant, des péages d’autoroutes etc. se poursuit d’année en année malgré la présence de plusieurs entreprises privées sur ces segments. Elle n’augure évidemment rien de bon pour les cheminots dont le statut est menacé. De ce point de vue, les cheminots sont logés à la même enseigne que les travailleurs du privé, à qui le patronat tente d’imposer reculs sociaux et suppressions d’emploi, au nom de la « compétitivité ».

L’avenir pourrait bien donner tort aux champions de la privatisation qui pensent que les cheminots accompagneront tranquillement cette régression. Malgré leur création récente, les entreprises privées ont déjà connu une grève nationale reconductible en 2009... Le statut des cheminots est issu de luttes – antérieures à la création de la SNCF – menées en commun par les cheminots des différentes compagnies du début du xxe siècle. L’idée que l’ensemble des cheminots devrait à nouveau se retrouver pour mener ensemble cette bagarre pourrait bien faire son chemin. 

Axel Persson