Durant toute la semaine précédant la manifestation du samedi 30 novembre à Carhaix à l’appel des Bonnets rouges, les comités de défense de l’emploi de nord Finistère et de Carhaix, composés des salariéEs de Gad, de Tilly-Sabco et de Marine Harvest et de leurs responsables syndicaux, n’ont pas chômé.
L’idée impulsée par le comité de Carhaix était d’organiser samedi 30 novembre un rassemblement de l’ensemble des salariéEs en lutte, avec un rendez-vous devant la gare, avant de converger vers le site des « Vieilles Charrues », lieu du rassemblement des Bonnets rouges.
Nouveau comité unitaireAprès une semaine de rencontres et de discussions, le comité pour l’emploi en Bretagne est né et s’élargit : en plus des ouvrierEs de Marine Harvest, Tilly-Sabco et Gad, il regroupe la CGT des Marins du Grand Ouest et le SLB (Syndicat des travailleurs de Bretagne). Le texte fondateur de ce comité s’intitule « Décider, vivre et travailler en Bretagne en interdisant les licenciements ! Frankiz, labour, bara ! », et dénonce clairement les conditions de travail inhumaines réservées aux salariés de l’agroalimentaire, condamne les politiques européenne soutenues par les gouvernements français successifs qui ont détruit les acquis sociaux, les services publics, les garanties collectives des salariéEs au nom du libéralisme économique. Il appelle à l’unité de tous les syndicats de salariés, petits artisans et commerçants, à l’unité ouvrière la plus large contre les plans de licenciements dans le privé et contre les suppressions de postes dans le public. Le texte se conclut par : « Les solutions existent pour combattre le libéralisme économique. Elles passent par l’interdiction des licenciements, la réquisition ouvrière des moyens de production et la nationalisation des entreprises bénéficiaires qui licencient. »
Pôle ouvrier en manifestationCe texte, qui a circulé par mail, par voie de presse, appelait donc à un rassemblement devant la gare de Carhaix à 13 heures. Ce samedi 30 novembre, le « pôle ouvrier » s’’est étoffé, rejoint par des salariéEs du privé mais aussi du public, de simples citoyens et des militants du Breizhistance, du PC et du NPA. On a aussi pu voir flotter quelques drapeaux de la CGT et de Sud, bien insuffisants au regard de la responsabilité que devrait prendre dans ce mouvement les syndicats ouvriers.Après la lecture du texte fondateur en français et en breton, les prises de parole des Gad, Marine Harvest, Tilly-Sabco, de la CGT des Marins du Grand Ouest et SLB se succèdent. Les discours sont clairement antifascistes et anticapitalistes, et défendent l’interdiction des licenciements. Ils sont aussi des appels à relever la tête, à la lutte du monde ouvrier.Et ce sont au moins 1 000 personnes qui partiront en cortège derrière une banderole reprenant le titre de l’appel.
Rassemblement massifFort de ce véritable succès, c’est en scandant des mots d’ordre combatifs que le « pôle ouvrier » a rejoint le lieu du rassemblement central. Sous les applaudissements, les rangs s’écartent pour laisser cette manifestation dynamique arriver jusqu’au plateau où les dirigeants syndicaux des usines en lutte prendront à la parole et liront l’appel du comité pour l’emploi en Bretagne.Pêcheurs, agriculteurs, routiers, artisans se succéderont ensuite sur le podium où les principaux responsables du mouvement, Thierry Merret, dirigeant de la FDSEA, et Christian Troadec, maire de Carhaix, ont également harangué une foule très populaire estimée de 17 000 à 35 000 personnes. Beaucoup de discours contre l’écotaxe et des paroles confuses contre les taxes et les « charges » en général sont martelés, ainsi que sur la fierté d’être breton. Christian Troadec conclura en invitant François Hollande « qui, pour le moment, n’a pas dit un mot sur ce qui se passe en Bretagne, à venir entendre ce que nous avons à lui dire ». Signalons que le Medef, contenté par le pacte d’avenir de Bretagne, ne soutient plus les Bonnets rouges… au grand soulagement de nombreux manifestants.Ce rassemblement fut entrecoupé de concert des Frères Morvan et de Gilles Servat qui nous interprétera ses célèbres chansons emblématiques, comme « les Prolétaires » et « la Blanche Hermine », hymne officieux breton.Pour le comité pour l’emploi en Bretagne, la tâche ne s’arrête pas là. Des rendez-vous sont déjà fixés pour faire le bilan de la journée, mais aussi organiser dans les jours à venir un meeting dans le Finistère.
Correspondante