Malgré les menaces de libéralisation du fret, les cheminots de Saintes (Charente-Maritime) ont faiblement participé aux mouvements de grève des deux derniers mois. La division syndicale et les multiples appels pour des jours différents en fonction des services en sont en partie responsables.Les cheminots saintais ont participé, comme les autres, aux mouvements de grève de mars-avril. Ces mobilisations étaient dirigées contre la libéralisation du transport ferroviaire, contre la politique de restructuration de la direction qui veut mettre en place une gestion par activité qui séparerait celles-ci de façon étanche qui bannirait toute passerelle entre elles et dont l’objectif final est de les privatiser.De fait, cette séparation est à l’ordre du jour depuis fin 2008. En décembre, Sud Rail avait proposé, contre ce projet, le dépôt d’un préavis de grève qu’avait refusé la CGT.Lors de la grève interprofessionnelle du 23 mars dernier, Sud Rail avait insisté en proposant, toujours sans succès, de poursuivre l’action.Début avril, la direction de la CGT provoquait une réunion interfédérale avec la CFDT et l’Unsa. Sud Rail étant tenu à l’écart. Cette « intersyndicale » déposait un préavis de grève reconductible en fragmentant et en décalant le mouvement des différents services. Ainsi les conducteurs et les contrôleurs débutèrent la grève le 6 avril à 20 heures, les agents du fret, le 7 à la même heure et les agents sédentaires, le 8 en grève carrée non reconductible. Sud Rail déposait alors un préavis unique, tous services, reconductible à partir du 6 avril.Le 5 avril, la CFDT et l’Unsa se retiraient du préavis, estimant avoir obtenu des avancées sur les salaires et l’emploi.À Saintes, ces événements accompagnaient des perspectives peu réjouissantes. La direction a prévu la création d’une entité TER stricte à laquelle le personnel serait rattaché. Ce projet fait partie du découpage et de la gestion par activité auquel il a déjà été fait allusion. Découpage qui a pour objectif une future privatisation secteur par secteur. Parallèlement, l’avenir du technicentre saintais paraît difficile avec une charge de travail qui ne dépasse pas trois ans et une « restructuration fusion » envisagée avec celui de Périgueux. Aux cheminots qui, à l’initiative de Sud Rail, ont manifesté devant la salle des fêtes de Pons, le ministre des Transports, Dominique Bussereau, qui y tenait une réunion publique, celui-ci a indiqué qu’aucune fermeture n’était exclue, leur promettant de les recevoir bientôt, ce qu’il n’a toujours pas fait.Il y avait donc de quoi susciter une forte mobilisation des cheminots à Saintes. Pourtant, le mercredi 7 avril, on comptait seulement 17 grévistes dont 9 sur le piquet. Le jeudi 8, il y en avait 80 dont 25 sur le piquet, sur un total de… 428 agents. Le vendredi 9, seuls les roulants et les contrôleurs étaient encore en grève.Bien sûr la division syndicale n’explique pas tout mais on ne peut nier qu’elle a joué un rôle non négligeable dans la faiblesse de la mobilisation. Signalons au passage que la CGT a dépêché sur place l’un de ses représentants venu de Bordeaux pour inciter les cheminots à ne pas suivre le préavis déposé par Sud Rail pour le mardi 6. En revanche, certains ont fait grève pendant 21 jours au dépôt. Mais ils étaient bien seuls. La grève a cependant décidé la direction locale à recevoir une délégation CGT-SUD Rail. Elle a affirmé que si aucune décision n’avait été prise sur l’éventuelle fusion avec Périgueux, l’Établissement Matériel de Saintes serait en sureffectif de 30 emplois selon la direction. Les 30 départs à la retraite seraient compensés par l’embauche de quatre contrats en alternance qui ne sont pas des emplois véritables, et par la création de deux postes. Ce qui est évidemment loin du compte.Un cheminot saintais