Encore une promesse non tenue : Hollande ne devait pas prendre la parole depuis l’Élysée à l’occasion de la fête nationale du 14 juillet. C'est à peu près le seul intérêt d’une prestation particulièrement creuse dont la seule information originale, peut-être un peu trop, est que la reprise économique est à nos portes. Et une déclaration historique : « Je ne ferai d'augmentations d'impôts que si elles sont absolument indispensables, dans l'idéal le moins possible »...Malheureusement, rien à se mettre sous la dent pour toutes celles et ceux pour qui la réforme des retraites est plus que jamais l’enjeu de la rentrée sociale. À ce sujet, aucun scoop : il faut « faire une réforme qui aille au-delà de 2020... Nous allons allonger progressivement la durée de cotisation, tout le monde fera un effort ».Le gouvernement et le PS jouent la montreTout indique que le gouvernement temporise, joue la montre en raccourcissant au maximum le temps entre les propositions effectives et le vote par le Parlement. Évidemment, la perspective des élections municipales et européennes du printemps ne laisse que peu de temps pour réduire les plaies causées par une nouvelle contre-réforme.Pour faire passer le temps, le gouvernement laisse le Parti socialiste se mettre d’accord sur un texte qui, tout en avalisant l’augmentation du nombre d’années de cotisation nécessaire pour prétendre à une retraite à taux plein sans décote, émet des doutes sur les autres reculs envisagés dans le rapport Moreau. La « gauche » du parti préconise un report de la réforme, alors que Sapin refuse de l’envisager. Le débat « public » est enfermé rue de Solférino, au siège du Parti socialiste. Déjà vrai pour les gouvernements de droite précédents, le choix de la période de l’été pour « mettre en débat » une réforme de cette importance, illustre le peu de confiance du gouvernement dans l’efficacité du dialogue social et le peu de cas que la prétendue « social-démocratie »... fait de la démocratie.Des syndicats discretsCe n’est pas une surprise que les syndicats accompagnateurs de l'austérité déguisée en « rigueur » et d’ « homogénéisation des régimes » par alignement sur le moins disant, soient si discrets. Les couloirs de Matignon sont leur lieu « d’action » privilégié. Malheureusement, dans le même temps c’est le silence assez lourd du côté des organisations qui ont annoncé leur refus des principales mesures envisagées. Des communiqués mesurés tant sur le fond que sur la forme laissant entendre que la négociation reste possible, que l'on pourrait faire changer de cap le gouvernement par la simple explication du caractère inefficace et injuste des mesures proposées. En tout cas, aucune initiative de mobilisation estivale.Sur le Tour de France, lors des festivités du 14 juillet sur les Champs-Élysées, ou ailleurs, ce sont toujours les réacs de la « Manif pour tous » qui sont en vue. On a connu des étés plus « chauds », même sur le terrain social. Où sont les caravanes des plages, des lieux de vacances, les apparitions de responsables syndicaux en des lieux ou à des dates bien visibles ?Il ne suffit pas de dire qu’il faut gagner la bataille de l’opinion, surtout s’il est question de convaincre en vue d’une mobilisation à la hauteur des enjeux, en conscience des difficultés. Expertises et contre-propositions ne permettront pas de convaincre Hollande-Ayrault-Sapin.Contre le « dialogue social », la mobilisationUn Collectif unitaire se construit à l’image de celui qui a participé à la mobilisation de 2010. Il regroupe partis politiques, syndicats, organisations féministes, organisations de chômeurs, de jeunes, des associations, des « personnalités ». Après la conférence de presse du mercredi 10 juillet, une nouvelle initiative à été décidé pour le mercredi 4 septembre, jour du conseil des ministres, sous la forme d’une conférence de presse publique dans un lieu proche de l’Assemblée ou de Matignon.De leur côté, les organisations syndicales — CGT, FSU, FO et Solidaires — ont fixé une première date d’action au 10 septembre. Si manifestations et appels à la grève sont au programme, l’ampleur de cette première journée de mobilisation risque d’être déterminante pour la poursuite de la lutte. Il est indispensable d’en assurer le succès. En guise de préparation, la CGT a planifié de son côté une série de meetings de rentrée : le 3 septembre à Nantes, le 4 à Montpellier, le 5 à Paris et le 9 à Lyon.En parallèle à ces différents rendez-vous, il faut dès maintenant construire des initiatives locales (meetings, rassemblements) afin de faire en sorte que la première journée nationale soit réussie et puisse constituer le point de départ d'une mobilisation suffisamment forte et durable pour faire reculer le gouvernement.Robert Pelletier
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