Publié le Mercredi 13 octobre 2021 à 07h38.

Darmanin, les migrantEs et les camps

«Nous souhaitons que le modèle grec soit appliqué dans les autres pays méditerranéens, comme en Italie, en Espagne, à Malte ». Ainsi s’est exprimé Gérald Darmanin lundi 11 octobre. Mais à quel « modèle » le ministre de l’Intérieur faisait-il donc référence ? Venant d’un personnage aussi sinistre, la réponse ne pouvait malheureusement qu’être un nouveau « modèle » de régression des droits humains. À savoir : des camps fermés pour les migrantEs, comme celui que Darmanin avait « visité » la veille lors d’un déplacement sur l’île grecque de Samos.

Ce camp fermé, entouré de mirador et de barbelés, duquel les réfugiéEs et les demandeurEs d’asile ne peuvent sortir qu’entre 8 heures du matin et 20 heures, à la condition de présenter empreintes digitales et badge à l’entrée du camp, a été inauguré à la fin de l’été par les autorités grecques. À l’époque, Médecins sans frontières expliquait : « On cherche à criminaliser, à humilier et à punir les réfugiés et les demandeurs d’asile plutôt que d’étendre leurs droits ». Mais rien n’y a fait, et d’autres camps sont en construction en Grèce, « grâce » à des financements de l’Union européenne qui poursuit et amplifie sa politique anti-migrantEs.

Une politique pas assez dure pour Gérald Darmanin, qui s’était illustré quelques jours plus tôt par des déclarations hostiles à la Grande-Bretagne, accusée de ne pas « tenir ses promesses » concernant la lutte contre l’immigration clandestine alors que « nous tenons la frontière pour eux ». La semaine précédente, Darmanin s’en était pris à l’Algérie, au Maroc et à la Tunisie, justifiant la réduction drastique des visas par cette sentence : « Tant que vous ne reprenez pas vos compatriotes [sans papiers], on n’accepte pas vos compatriotes ».

La Macronie et son ministre de l’Intérieur ont donc décidé de jouer les gros bras sur les questions migratoires. Alors que le débat public est saturé par les discours racistes, islamophobes, anti-migrantEs, difficile d’y voir autre chose qu’une nouvelle expression du misérable et dangereux opportunisme politicien d’un pouvoir qui n’a de cesse de courir après l’extrême droite, quitte à renforcer la stigmatisation et les discriminations racistes. Voilà qui renforce l’urgence de la construction d’un mouvement antiraciste, anticolonialiste, internationaliste, regroupant celles et ceux qui refusent de céder à un air du temps de plus en plus nauséabond.