Publié le Jeudi 30 septembre 2021 à 19h00.

Des bibliothèques territoriales en crise

Les bibliothèques territoriales, lieux culturels de proximité, sont de plus en plus devenues des enjeux électoralistes au détriment de l’objectif de service public.

 

Véritables vitrines politiques, les bibliothèques voient leurs horaires diminués dans les quartiers populaires au profit d’une augmentation des horaires dans les bibliothèques de centre-ville comme à Saint-Denis. À Grenoble, la mairie ferme définitivement trois de ses bibliothèques de proximité au profit des plus grandes bibliothèques de la ville. Ces fermetures allègent le budget municipal mais sûrement pas l’accès à la culture des habitantEs des quartiers populaires.

Pour de vraies politiques culturelles de proximité

Pour favoriser les centres-villes afin de plaire à leur électorat et sans bien sûr remettre en cause les baisses budgétaires dictées par les les logiques capitalistes, les élus considèrent les bibliothèques et les bibliothécaires comme des coûts et des variables d’ajustement. Beaucoup de bibliothèques fonctionnent avec des agentEs en contrats précaires. Au lieu d’augmenter les places au concours pour titulariser les agentEs et répondre aux besoins des bibliothèques, la loi de transformation de la fonction publique favorise le recrutement des contractuels et précarise ces emplois mal payés. Il n’y a pas d’augmentation des revenus des agents depuis des années alors que le coût de la vie augmente. Des congés sont supprimés, cependant les agentEs doivent ouvrir plus longtemps les bibliothèques, y compris le dimanche, sans embauche d’agentEs supplémentaires et sans réelles compensations.

Ouvrir plus longtemps les bibliothèques avec moins de moyens, sans prendre le temps de réfléchir au meilleur service d’ordre culturel à rendre aux habitantEs, donne aux agentEs un sentiment de perte de sens dans leur travail auquel s’ajoute la dégradation de leurs conditions de travail et de ressources.

Vient s’ajouter ces dernières semaines l’obligation de contrôler le pass sanitaire, obligeant les agentEs à trier celles et ceux qui pourront accéder aux services de la bibliothèque. Les bibliothécaires travaillent dans l’intérêt du public et pour l’accès sans discrimination à leurs ressources. Cette dernière obligation est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. À Paris, Toulouse, La Rochelle, des agentEs se mettent en grève contre le contrôle du pass, pour un retour aux jauges de 49 personnes dans les établissements. Mais le malaise dans la profession est plus profond. Il faut cesser de considérer que les bibliothèques territoriales représentent un coût budgétaire ou une vitrine électorale et réfléchir à des politiques culturelles de proximité, affranchies des intérêts capitalistes, afin d’améliorer les conditions de travail des agentEs et les conditions d’accueil du public.