Deux des réformes auxquelles tient le plus Emmanuel Macron sont actuellement en rade du fait de la crise : l’assurance chômage et les retraites. À un moment où le chômage s’envole, il est en effet difficile de vendre des réformes supposées inciter à prendre un travail (pour l’assurance chômage) ou à l’exercer plus longtemps (pour les retraites). Ceci alors que les entreprises licencient et utilisent toutes les possibilités de suppression d’emplois.
Pour ce qui est de l’assurance chômage, la réforme est reportée et le gouvernement compte toujours l’appliquer au 1er avril 2021. Elle va encore plus réduire les droits des chômeurEs à un point tel que Laurent Berger de la CFDT, d’habitude compréhensif à l’égard du gouvernement, l’a qualifiée de « boucherie ». Pour faire avaler la pilule aux syndicats, une concertation se déroule en ce moment, non sur le principe de la réforme, mais sur ses modalités. Autrement dit, il ne s’agit pas de discuter de la suppression des chaînes, mais tout juste de savoir si elles seront plus ou moins serrées.
Pour ce qui est des retraites, le gouvernement n’a renoncé à rien mais il est plus discret sur le calendrier. À droite, certains y voient l’occasion de rouler des mécaniques. Ce week-end, à l’occasion de l’examen du projet de budget de Sécurité sociale au Sénat, la droite a ainsi déposé un amendement pour reculer progressivement l’âge légal de départ jusqu’à 63 ans en 2025 et de revoir le nombre de trimestres, en accélérant l’allongement de la durée de cotisations pour atteindre 43 annuités dès la génération 1965. Au moment du vote, la ministre déléguée à l’Autonomie, Brigitte Bourguignon, a jugé que cette mesure était prématurée, et les sénateurs macronistes ont voté contre.
Cette initiative sera enterrée par les députés qui ont le dernier mot. Mais cela montre que la réforme des retraites est loin d’avoir disparu. « Prématurée » ne veut pas dire enterrée. C’est d’ailleurs ce qu’a souligné la ministre du Travail : « Elle fait partie des engagements du président de la République pour laquelle on cherchera les voies pour reprendre la concertation avec les partenaires sociaux. » Une autre concertation bidon en perspective.
Dans un communiqué, la CGT qualifie le vote du Sénat de « provocation indécente alors que plus de 800 000 jeunes, pénalisés par la crise sanitaire, ne peuvent s’insérer dans la vie active, que les licenciements dans les entreprises se succèdent, que le chômage et la pauvreté menacent des centaines de milliers de personnes ». Rien de plus juste mais l’important est, malgré les difficultés actuelles, de préparer les mobilisations nécessaires pour mettre en échec les sales projets de ce pouvoir.