Le 11 février dernier, le Conseil supérieur de la fonction publique a entériné la possibilité de licencier purement et simplement les fonctionnaires. Selon le gouvernement, l’application du décret sur la mobilité, avalisé par le Conseil supérieur de la fonction publique, le 11 février, est la « garantie d’une carrière plus moderne chez les fonctionnaires ». Derrière ce discours idéologique se cache en fait une attaque sans précédent sur le statut même des fonctionnaires et organise ainsi le plus gros plan social jamais vu.
En effet, adoptée en plein été 2009, cette loi prévoit qu’un fonctionnaire dont le poste est supprimé pourra être mis en disponibilité d’office, autrement dit licencié sans droits, sans salaire s’il a refusé trois offres d’emploi public. Fillon a juré qu’on ne demanderait pas au fonctionnaire dont le poste est supprimé de déménager ni de changer de métier. Mais dans les faits, cela permettra de nommer les fonctionnaires n’importe où et dans n’importe quel corps de métier et aboutira à des conditions de travail extrêmement dégradées.
Le gouvernement devrait le savoir au vu de ce qui se passe déjà à France Télécom où la mobilité imposée conduit à des situations graves pour les salariés. Le gouvernement dit par ailleurs qu’il n’invente rien puisqu’une loi de 1984, votée sous un gouvernement de gauche, prévoyait déjà la possibilité de licencier des fonctionnaires. Mais c’était dans le cas où ils étaient accusés d’avoir commis une « faute grave », et leur cas était discuté en commission paritaire en présence des syndicats. Là, c’est l’État qui supprime leur poste et, par ce décret, rejette hypocritement sur les salariés la responsabilité de leur licenciement ! C’est aussi une nouvelle occasion pour le gouvernement d’opposer les salariés entre eux, d’opposer ceux du privé et du public et faire croire que les fonctionnaires sont des privilégiés. La loi sur la mobilité est en fait la cerise sur le gâteau de la politique de Sarkozy concernant les services publics et de la fameuse révision générale des politiques publiques (RGPP) qui consiste à supprimer plus de 160 000 emplois. L’idée centrale est de démanteler l’État social sous prétexte du déficit public. Mais le non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux ne rapporte que 500 millions d’économie par an à l’État alors qu’il dilapide plus de 700 millions d’euros avec le seul bouclier fiscal au profit des plus riches. Encore une fois, ils veulent faire payer leur crise, le déficit à la population au lieu de faire payer les financiers, de taxer les responsables. Le gouvernement prouve à nouveau qu’il veut en finir avec les services publics et, là, l’ensemble de la population est concerné.
Nous devons nous organiser ensemble, salariés et usagers, pour défendre, améliorer et contrôler nos services publics. Ceux-ci doivent être étendus à d’autres secteurs essentiels tels que le logement, le gaz, l’électricité, l’eau, les transports collectifs aujourd’hui privés, l’accueil et l’assistance des personnes âgées…
Nous devons imposer les principes de solidarité et de répartition des richesses, contre la loi du profit et la logique capitaliste. Sandra Demarcq