Publié le Samedi 8 mai 2010 à 15h52.

Femmes et retraites : l'illustration des inégalités salariales et professionnelles entre hommes et femmes

La situation extrêmement négative des femmes en matière de taux de retraite des femmes est l'illustration pour une part des inégalités professionnelles et salariales et d'autre part du partage inégal des tâches domestiques et d'éducation entre hommes et femmes.

Les réformes de 1993 et 2003 ont aggravé les inégalités des pensions entre hommes et femmes.

- les salaires féminins à temps complet sont 20% inférieurs à ceux des hommes

- le % différence de salaire entraîne 72% de différence de retraite.

- les femmes représentent 54% des chômeurs et 57% des chômeurs non indemnisés, 85% des salariés à temps partiel et 80% des salariés payés en dessous du SMIC.

- en 2004, le montant moyen des retraites des femmes de 60 ans était de 1020 euros par mois, soit 62% de celles des hommes(1636 euros) soit 38% inférieur à celui des hommes.

- entre 65 et 69 ans la retraite globale des femmes en 2008 s'élevait en moyenne à 961€ contre 1 674€ pour les hommes, et hors reversion ou /et avantages familiaux elles ont une pension en moyenne de 650 euros.

- en 2006, plus d'une femme sur deux touche le minimum contributif

- en 2007, 63% des retraités recevant le minimum retraites était des femmes

- % des femmes travaillent à temps partiels contre 5% des hommes

- la majorité des temps partiels ont une durée comprise entre 15 et 29 heures par semaine

- en 2004, seulement 41% des femmes ont suffisamment cotisé pour une retraite complète et aujourd'hui 39% des femmes ont validé une carrière complète, contre 85% des hommes

Temps partiel

La majorité des femmes qui travaillent à temps partiel souhaiteraient travailler à temps plein et subissent le temps partiel imposé. En effet, des secteurs tels que le nettoyage, la grande distribution, la restauration, secteur très féminisé, recrutent uniquement des emplois à temps partiels.

Le temps partiels, même de brève durée, a un impact négatif sur les retraites, puisque la base de calcul sera la rémunération partielle. Dans le régime général, le calcul du salaire moyen sur les 25 meilleures années aboutit dès lors qu'il y a interruptions d'activités (chômage, maternité...) à intégrer toutes ou presque toutes les années cotisées y compris celles du début de carrière, qui sont les plus pénalisantes étant les plus faiblement rémunérées.

Les femmes "conciliant" vie professionnelle et vie personnelle, se retrouvent le plus souvent à temps partiel, faute de structure collective d'accueil des enfants et par l'inégalité du partage des taches entre les femmes et les hommes.

Taux d'activité des femmes

Depuis les années 60, les femmes sont massivement rentrées dans la population active. Cela leur garantit une autonomie mais en même temps elles cumulent emplois précaires et bas salaires.

Si cette entrée dans la vie active permet aux femmes de partir en retraite sans être obligatoirement au minimum vieillesse comme leurs aînées, les politiques menées depuis plus de 20 ans n'améliorent pas leur situation au regard de l'emploi. L'exonération des cotisations patronales pour embauche à temps partiel dans les années 80 a eu et a encore, même si il y été mis fin, des conséquences négatives sur l'emploi et les retraites des femmes.

L'extension de l'Allocation Parentale d'Education en 94 dès le 2ème enfant a ralenti le taux d'activité des femmes.

Les périodes de non-activité "chômage, éducation des enfants, prise en charge de personnes dépendantes, provoquent des carrières discontinues et à temps partiel.

Les femmes sont plus concernées par la décote qui pourra aller jusqu'à une perte de 25% de pension.

Le congé maternité donne droit à une validation de trimestres mais les indemnités journalières perçues ne sont pas considérées comme des salaires et donc ne sont pas pris en compte dans le salaire moyen annuel servant au calcul de la retraite.

Beaucoup de femmes se retrouvent à toucher le minimum vieillesse même avec une retraite complète.

Effets des réformes de 1993 et 2003

Le passage de 37 annuités et demi à 40 a retardé encore l'âge de départ en retraite des femmes qui partent déjà plus tard que les hommes en retraite, notamment à cause de carrières discontinues.

Le passage de 10 au 25 meilleures années pour le calcul du salaire de référence touche davantage les femmes parce qu'elles ont un taux de chômage plus important et que la plupart des emplois qui leur sont proposés sont des temps partiels ou des emplois précaires. L'augmentation du taux d'activité des femmes est donc contrecarrée par le type d'emplois occupés qui abouti à ce que les femmes ont un salaire annuel moyen beaucoup plus bas que les hommes.

Remise en cause des majorations

Dans le régime général, les mères s'étaient vues contester l'attribution des 2 années de majoration possibles pour enfants. Suite aux mobilisations, elles ont été maintenues mais pour les enfants nés à partir de 2010, si la première année reste réservée aux mères au titre de l'incidence de la maternité sur leur carrière, un choix d'attribution est créé pour la 2ème année entre le père et la mère. Cette décision doit être prise dans un délai de 4 ans suivant la naissance , donc très longtemps avant la retraite est irréversible!

Dans la fonction publique, la loi de 2003 a particulièrement pénalisé les mères : pour les enfants nés à partir de 2004, elle a remplacé la bonification d'un an par la validation gratuite de l'interruption ou de la suspension de l'activité jusqu'aux 3 ans de l'enfant, et pour les femmes qui n'interrompent pas leur carrière par l'attribution de seulement 6 mois. Elle a introduit des conditions restrictives pour les autres, faisant perdre à de nombreuses femmes leur droit à bonification.

Nos revendications spécifiques :

- rattrapage immédiat des salaires et égalité salariale

- transformation des emplois précaires en CDI et transformation des temps partiel en temps complet pour celles qui le souhaitent

- droit à une évolution de carrière et à une formation professionnelle continue rémunérée et qualifiante sur le temps de travail

- réelle reconnaissance des qualifications, des certifications et des diplômes obtenus tout au long de la vie

- réelle réduction du temps de travail à 32h pour toutes et tous sans flexibilité ni intensification avec les embauches correspondantes

- véritable service public de la petite enfance mixte, gratuit et de qualité et un service collectif public de prise en charge des personnes âgées ou dépendantes

- retraite par répartition à 60 ans et à taux plein et au moins égal au SMIC revendiqué 1500 euros net.

- suppression du système de décote du taux de cotisations pour les employeurs qui imposent le temps partiel