Contre les projets de restructuration de la SNCF dans le département de la Loire, les cheminotEs sont en grève. Ils craignent la privatisation et la dégradation du service public.
Les cheminotEs de la Loire (42) sont en conflit depuis le 3 novembre 2011. Ils-elles s’opposent au projet de fusion des trois établissements existants (contrôleurs, conducteurs et agents des gares/vente) en un seul, mené tambour battant par la direction régionale Rhône-Alpes de la SNCF.
2010 et 2011 avaient vu la tenue de plusieurs « groupes de travail » obtenus après une première grève de quatorze jours en avril 2010. La supercherie du « dialogue social » ayant fait son œuvre lors de ces réunions, les avis émis par les organisations syndicales à l’issue de ces concertations n’ont reçu aucune écoute de la part de la direction.
De fait, la SNCF a annoncé à l’automne dernier la mise en place à Saint-Étienne de cet établissement multifonctions au 1cr janvier 2012. Comprenant que le conflit serait long, l’intersyndicale composée de Sud Rail, CGT et FO a immédiatement organisé la lutte de façon à ce que les cheminotEs puissent y participer en nombre et sans souffrance matérielle insupportable. La loi scélérate sur le dialogue social de 2008 ayant mis à mal le droit de grève dans les transports terrestres, les cheminotEs se sont adaptéEs, et malgré ces contraintes, ils-elles fonctionnent de manière imprévisible pour la direction ! Chaque gréviste peut cesser le travail 59 minutes, 3 heures ou une journée complète, rendant son utilisation aléatoire. Ce fonctionnement leur permet de durer !
L’établissement unique imposé aux cheminotEs de Saint-Étienne serait une entité autonome, facilement livrable aux appétits du secteur privé à très court terme, éventuellement par le biais de la filialisation (la ligne Saint-Étienne/Lyon est la ligne TER la plus fréquentée du réseau).
Au-delà du fait qu’une fois encore quelques capitalistes hériteront de biens de l’État, pour lesquels touTEs les citoyenEs contribuent depuis des décennies, les agents de la Loire savent, au travers d’expériences récentes et malheureuses (le fret ferroviaire n’existe presque plus dans le département !) que le premier des préjudices subis concernera l’emploi, dans un bassin déjà exsangue. Qui peut croire qu’une restructuration est créatrice de postes, ce que nous affirme la direction ? Le chemin de fer a perdu 20 % de ses agents dans le département depuis 2000…
L’autre crainte des cheminotEs est relative à la dégradation inévitable du service public rendu : désertification des gares, des trains, fermetures de guichets, sécurité altérée et tant d’autres conséquences qu’usagerEs et cheminotEs éprouvent déjà depuis longtemps.
En cette 10e semaine de grève, alors que les pouvoirs publics eux-mêmes font pression sur la direction régionale pour coordonner une médiation, la directrice reste sourde à toute discussion entre l’intersyndicale et la SNCF. Le dossier revêt pour cette dernière un caractère considérable, Saint-Étienne faisant figure de test pour d’autres régions.
La direction régionale SNCF porte l’entière responsabilité de la durée incroyable de ce conflit… la lutte est et sera peut-être encore longue, les cheminotEs stéphanoisEs l’ont compris, leur résistance face à un patronat décomplexé est nécessaire !
Ivan Richier