Depuis le 17 février, toutes les raffineries du groupe Total sont en grève, en solidarité avec les travailleurs de la Raffinerie des Flandres dont la fermeture est programmée depuis septembre 2009. Malgré des bénéfices confirmés de près de 8 milliards d’euros pour 2009 (50 milliards sur cinq ans !), Total entend profiter de la « crise » pour restructurer ses activités, notamment le raffinage. La fermeture du site de Mardyck (Nord) entraînerait 380 suppressions de postes de travail chez Total et 450 chez les sous-traitants. Sans compter les conséquences sur tout le tissu socio-économique d’une région déjà lourdement frappée par le chômage. Cette fermeture n’est qu’un premier pas vers la délocalisation du raffinage dans des régions à moindres contraintes en matière de salaires, de conditions de travail et d’environnement.Ce que n’avaient pas prévu ces accumulateurs de profits, c’est la riposte des travailleurs. Dès l’annonce du projet de fermeture, les salariés se sont mobilisés, avec des rassemblements au siège de la Défense et à Mardyck. Et, depuis le 15 février, l’heure est à l’élargissement de la mobilisation, d’abord à l’ensemble du groupe puis désormais à l’ensemble de la filière. La direction de Total n’en démord pas : il s’agit bien de fermer le site, tout de suite, puis, de table ronde en table ronde, de discuter de « l’avenir du raffinage » d’une part et de « l’avenir économique du bassin de Dunkerque » de l’autre. Leur idée consiste à tenir jusqu’à la réunion du Comité central d’entreprise (CCE), prévue pour le 29 mars. Soit après les élections régionales... Mais, sondages à l’appui, Sarkozy et ses ministres voudraient bien trouver une solution un peu crédible avant les élections. Du coup, même le porte-parole de l’UMP, le roi de l’antisocial, Frédéric Lefebvre, appuie la CGT ! Au même moment, Xavier Darcos déclare : « Nous ne voulons pas que ces plans [de sauvegarde de l’emploi] soient utilisés par des entreprises, en bonne santé j’entends, des entreprises qui vont bien [...] pour, avec les indemnités ou avec les baisses de charges qui sont payées par le contribuable, faire partir des seniors. Ce n’est pas acceptable ». Dans ces cas, on doit « refuser ces plans », a conclu Darcos, qui affirmait le 16 février sur RMC prévoir « d’interdire des plans sociaux qui s’appuient sur le départ prématuré des seniors » [voir aussi l’article sur Bata page 5]. Du coup, le gouvernement impose à Total de tenir le CCE le 8 mars. Évidemment, promesses gouvernementales, dialogue social et gesticulations patronales ne sont que les plus visibles manœuvres des uns et des autres pour gagner du temps et endormir les salariés. Il y a douze raffineries en France. Les salariés des six raffineries françaises du groupe Total sont en grève depuis mercredi à l’appel de la CGT et de Solidaires. Les salariés de deux raffineries Exxon Mobil à Port-Jérôme-Gravenchon (Seine-Maritime) et Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône) ont d’ores et déjà annoncé qu’ils se mettraient en grève mardi. Les autres raffineries appartiennent à Ineos, Petroplus et Lyondell Basell. L’enjeu de ce bras de fer est décisif pour tous les travailleurs. Au-delà de l’agitation journalistique sur le risque de pénurie d’essence à l’occasion des congés d’hiver (est-ce bien le rôle du secrétaire général de la CGT d’agiter le chiffon rouge de la pénurie ?), c’est la possibilité de gagner sur l’emploi qui est aujourd’hui ouverte. Après la quasi-relaxe des Conti, le désaveu de la direction de Philips par la justice, les « Total » peuvent faire la preuve qu’il est possible de faire reculer l’un des plus grand groupes internationaux, en sauvant l’emploi. Les salariés de Total montrent la voie. À chaque étape des provocations de la direction, ils ont répondu par l’élargissement de la mobilisation. Leur bataille devient nationale et politique. Préparons-nous à tous nous retrouver à leurs côtés. Robert Pelletier
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