Publié le Jeudi 7 avril 2011 à 13h51.

Grèves pour les salaires en Haute-Loire : et 1, et 2, et 3 succès !

 

En l’espace de quelques semaines, les salariés de trois entreprises de Haute-Loire viennent d’obtenir des augmentations de salaire après avoir engagé des grèves reconductibles.

Les premiers à avoir débrayé sont les ouvriers de l’usine Interep à Aurec. Ils réclamaient un euro de plus par heure. Ils ont occupé l’entreprise pendant douze jours, empêchant les camions de livraison d’entrer et sortir. Ils ont installé deux banderoles à l’entrée de leur boîte : l’une intitulée « Place Tahrir » et l’autre « Tunisie, Égypte, Interep ! », en clin d’œil aux révolutions en cours. Le tract de leur syndicat CGT expliquait ainsi « les peuples ont renversé les dictatures policières, à nous de renverser les dictatures financières ! »

La détermination des grévistes et leur nombre (95 % des ouvriers) ont forcé leur patron à céder sur l’essentiel de leurs revendications. Ils ont obtenu une augmentation mensuelle de 158 euros et une prime exceptionnelle de 650 euros.

Ce succès a donné des idées à d’autres salariés, engagés dans les négociations annuelles obligatoires.

Tout d’abord, ceux de CFVA, une fromagerie de Beauzac dépendant du groupe Bongrain. 95 % des 250 salariés ont fait grève durant huit jours pour exiger 150 euros d’augmentation. Le Medef de Haute-Loire a fait pression pour que le patron ne lâche rien, de peur que d’autres boîtes s’y mettent aussi. Mais l’ampleur de la mobilisation et la fermeté des grévistes l’ont contraint à lâcher du lest : une augmentation de 80 euros mensuels, deux primes représentant plus de 190 euros, le paiement de six jours de grève et l’embauche en CDI de dix-neuf intérimaires. Même s’ils n’ont pas obtenu gain de cause sur tout, les ouvriers, dont c’était la première grève, sont ressortis du conflit satisfaits d’avoir fait reculer Bongrain.

Dans la foulée, les salariés des salaisons Souchon à Saint-Maurice-de-Lignon,

qui dépendent aussi de Bongrain, ont débrayé à près de 90 %. L’occupation de l’usine a duré cinq jours : les grévistes ont obtenu une augmentation de 54 euros mensuels (ce qui revient à 660 euros annuels pour les bas salaires) et près de quatre jours de grève seront payés. À l’issue du conflit, les ouvriers viennent de créer leur syndicat CGT.

Et ce n’est pas fini : les ouvrières de Lejaby à Yssingeaux ont elles aussi entamé une grève reconductible pour les salaires.

C’est bien la preuve qu’en pleine flambée des prix, l’austérité salariale ne passe pas et que les victoires des uns encouragent les autres à s’y mettre. Chaud, chaud, chaud, le printemps sera chaud !

François Boudet