Sarkozy, Le Pen et d’autres, à droite et à l’extrême droite, ont cyniquement rivalisé avec le gouvernement dans l’instrumentalisation de la monstrueuse tuerie de Nice. À coups de surenchères guerrières, xénophobes et réactionnaires. « Nous sommes en guerre, s’est exclamé Sarkozy, une guerre totale […] ça sera eux ou nous ». Lefebvre, un autre LR réclame « l’état de siège », Dupont-Aignan le rétablissement de la double peine. Guaino assène qu’il aurait été possible d’arrêter le camion du tueur avec un lance-roquettes… Le Pen fille accuse aussi bien le gouvernement que ses prédécesseurs, Sarkozy et son parti, « qui étaient encore au pouvoir il y a cinq ans », de faire ou d’avoir fait « entrer tant d’étrangers en France ». Elle réclame le renforcement des contrôles aux frontières, l’augmentation des moyens militaires et le rétablissement du service militaire, le rétablissement de la double peine et la déchéance de la nationalité pour les « binationaux radicalisés ». Myard, député LR, a lâché ni plus ni moins qu’il « faut interdire le voile »...
Ces surenchères de démagogues politiciens en rivalité avec ceux en place s’inscrivent dans la même logique sécuritaire, guerrière, xénophobe et raciste. Les uns comme les autres dévoient très consciemment l’émotion mais aussi les craintes suscitées par les attentats, pratiquent les mêmes amalgames entre immigration, islam et terrorisme islamiste, alimentent la peur et la haine de l’autre. Ils agissent ainsi en symétrique des organisations terroristes qu’ils prétendent combattre, de l’intégrisme religieux, de l’obscurantisme. Ils attisent les haines et les divisions.
Combattre et dénoncer le terrorisme ne doit pas nous faire oublier qu’il a prospéré sur les ravages causés au Moyen-Orient par les interventions impérialistes et que son influence, ici, a grandi sur le terreau du chômage, de la misère, des discriminations racistes et xénophobes, le fruit pourri des politiques menées par tous les gouvernements.
Les discours mensongers sur la France menacée, qui veulent faire croire à une prétendue communauté d’intérêts entre couches populaires et classes possédantes, vont de pair avec les discours racistes et xénophobes qui sèment le poison de la division parmi les travailleurs. Ne tombons pas dans ce piège.
Galia Trépère