Le gouvernement annonce plusieurs « pistes » concernant la transformation du système de retraites, qu’il voudrait « universel et par points », mais il ne dévoile pas les conséquences concrètes des mesures qu’il prétend imposer. Elles ont toutes pour objectif de diminuer le coût des retraites.
Jean-Paul Delevoye, chargé du dossier par Macron, a annoncé que la revalorisation des retraites pourrait tenir compte de l’indice des salaires et non plus de l’inflation, C’était une revendication syndicale, car les salaires progressent plus que les prix. Mais c’est devenu un leurre, car cette mesure pourrait être limitée par un coefficient minorant l’augmentation afin d’en limiter le coût.
Le mauvais exemple des complémentaires
L’AGIRC-ARRCO, le régime complémentaire des salariéEs du privé, est un système par points. Les cotisations versées permettent d’acquérir des points dont la valeur est déterminée par un prix d’achat. Lors de la liquidation de la retraite, son montant dépend du prix de vente du point.
Suite à un accord signé par la CGC, la CFTC et la CFDT avec le Medef en octobre 2015, le prix d’achat des cotisations tient compte de l’indice de salaires. Il a ainsi augmenté, et les assuréEs sociaux reçoivent donc moins de points. Par contre, l’augmentation de pensions est calculée selon l’indice des prix à la consommation moins un point. Entre 2015 et 2017, l’inflation ayant été inférieure à 1 %, il n’y a eu aucune augmentation. En 2018, l’inflation a été de 1,6 %, et les pensions ont donc été revalorisée seulement de 0,6 %. De plus, les revalorisations ont été reportées de janvier à octobre. Il est probable que la réforme du gouvernement s’inspire de ce système.
Rogner sa pension ou repousser l’âge de départ en retraite
À l’instar de l’accord AGIRC-ARRCO, le montant des retraites pourrait être majoré si le ou la salarié repousse l’âge de départ, et minoré en cas de départ à 62 ans, l’âge légal actuel. C’est une incitation à partir plus tard et une quasi obligation pour ceux et celles qui ont déjà de faibles revenus. À cet âge, la moitié des personnes n’ont plus d’activité salariale. On ne sait rien de concret concernant les dispositifs de solidarité qui seraient maintenus pour les chômeurEs, les malades et invalides, les périodes de congés maternité, les familles de plus de trois enfants, les veufs et les veuves (les pensions de réversion), les plus pauvres (le minimum vieillesse).
D’autres mesures sont envisagées afin de « contenir les dépenses ». Delevoye a indiqué que le montant des retraites pourrait évoluer en fonction de l’espérance de vie de la génération qui part à la retraite. Ces derniers jours, il a en outre indiqué que les régimes spéciaux (Fonction publique, SNCF, RATP, EDF...) seraient maintenus. Mais il affirme vouloir « accélérer les convergences [avec le régime général] quand c’est possible », c’est-à-dire supprimer les avantages acquis de catégories professionnelles.
Le contenu précis de la réforme devrait être dévoilé d’ici trois mois. Le vote de la loi est officiellement annoncé après la périodes des grandes vacances. Mais le gouvernement ne pourrait-il pas être tenté de passer en force en juillet par la voie des ordonnances ? Il faut s’y préparer.
S. Bernard