«Je ne modifie pas l’âge de départ durant le quinquennat » déclarait Macron sur TF1 un dimanche soir de mars 2017. Mais ça, c’était dans le monde d’avant. Avant le recul imposé par la mobilisation de l’hiver 2019-2020 qui a gelé le projet de réforme des retraites à points. Avant aussi la victoire aux élections régionales de la droite et de ses pléthoriques candidats à la candidature pour remplacer Macron en 2022 en chassant sur les terres idéologiques de l’extrême droite.
Ainsi Xavier Bertrand déclarait il y a quelques mois : « À l’horizon 2028-2030, il nous faudra travailler deux ans de plus, jusqu’à 64 ans, et si l’espérance de vie continue à progresser, il faudra, dans les années qui suivent, aller jusqu’à 65 ans. » Et au lendemain de la victoire de Bertrand aux régionales, l’entourage de Macron fait fuiter que le président candidat envisagerait de le doubler sur la droite… Avec un vote à la hussarde, dès le mois d’octobre dans le cadre de la loi de Programmation de la Sécurité sociale pour imposer le report à 64 ans de l’âge légal de départ en 2026 ! S’il ne s’agissait pas de nos vies, on aurait envie de se moquer de ce réflexe de bac à sable.
Alors on voit bien se dessiner les arguments pour diviser une fois de plus : il faut remplir les caisses de la Sécu après le « quoi qu’il en coûte » de l’épidémie, les 14 milliards que cette mesure rapporterait permettrait de « financer une réforme sur le grand âge et une garantie jeunes extensive », selon les Échos. Il s’agit donc de jouer les plus jeunes et les plus âgéEs contre les salariéEs en activité… Alors que l’enjeu n’est pas de savoir qui devrait accepter des sacrifices supplémentaires dans un cadre de dégradation généralisée des conditions de vie, mais de discuter de comment renverser la table pour ne plus se laisser dicter les règles. Comment imposer le droit à la retraite financée par le partage du travail entre toutes et tous en prenant sur les profits distribués aux actionnaires ?
La grève des salariéEs des transports à l’hiver 2019-2020 et la menace de son extension à d’autres secteurs des services publics avait bousculé l’agenda du gouvernement Macron. Elle trace des perspectives, à condition de ne pas laisser Macron et la course électorale donner le timing.