Le gouvernement a reconnu dans une annexe au projet de loi de financement de la Sécu pour 2022 la perte du pouvoir d’achat des 16,7 millions de retraitéEs ces dix dernières années. Il n’envisage pas de rattrapage de cette perte estimée par la CGT de 10 % en dix ans, mais à l’approche des élections législatives il sème des illusions en annonçant son intention d’augmenter les pensions de retraites à la hauteur de l’inflation dès juillet.
Indexer le montant des pensions sur l’augmentation des prix ne sera pas suffisant pour garantir le maintien du pouvoir d’achat des retraitéEs. C’est une disposition légale qui existe déjà mais qui est contournée par les manœuvres des gouvernements successifs pour réaliser des économies sur le dos des retraitéEs.
De nombreuses manœuvres
Ainsi, les dates de revalorisation ont été plusieurs fois repoussées de quelques mois pour les régimes de base et complémentaires. En 2020, la loi de financement de la Sécurité sociale a en outre instauré une innovation : « la revalorisation différenciée ». Les pensions des foyers fiscaux (et non pas des contribuables individuellement) ont été augmentées de 1 % pour les retraites inférieures à 2 000 euros et de 0,3 % pour celles supérieures à cette somme. Qui plus est, l’obligation de revaloriser les pensions ne s’imposera pas aux retraites complémentaires qui versent en moyenne un tiers du montant global des pensions.
Tous les régimes de base seront-ils concernés par cette reforme ? Le flou demeure après la déclaration de Dussopt, le nouveau ministre chargé des retraites, qui a indiqué que le Parlement sera « saisi d’un texte sur le pouvoir d’achat qui permettra cette indexation sur le régime général et les pensions de base ». Qu’en est-il des autres régimes, des agriculteurEs, des travailleurEs indépendants, des fonctionnaires ?
Prélevée sur les pensions, la hausse de la CSG a eu pour conséquence de baisser le montant net des retraites. Les retraitéEs ont été doublement victimes en subissant la hausse de leur contribution et la diminution de leur pension nette.
L’augmentation des pensions est depuis longtemps indexée sur les prix et non sur les salaires ce qui était jusqu’à présent défavorable aux retraitéEs. Cette année l’inflation sur un an est à 4,8 % en avril, et pourrait s’élever à 5,4 % en juin selon l’INSEE mais le taux de l’indexation envisagé par le gouvernement n’est pas annoncé. Bruno Le Maire se contente d’une interrogation « comment est-ce que nous indexons de manière plus juste et protectrice les pensions de retraite de nos aînés ? »
Pas une retraite inférieure à 1 800 euros !
Les retraitéEs n’ont pas les moyens de contrôler l’augmentation du coût de la vie. Les organisations syndicales et de consommateurEs n’élaborent plus leur propres indices depuis longtemps mais devraient rétablir leur propres contrôles. La pseudo-indexation gouvernementale des pensions sur l’inflation ne permettra pas de sortir de la misère un grand nombre de nos ancienEs : le montant moyen de la retraite du régime général de la Sécu est actuellement de 755 euros : 858 euros pour les hommes et 674 euros pour les femmes. Le montant des pensions de la Sécu et des complémentaires est financé par les cotisations sociales et donc par le salaire socialisé. Son montant global ne devrait être inférieur au SMIC revendiqué chiffré par le NPA à 1 800 euros net et les revalorisations devraient s’aligner sur un indice élaboré par un organisme totalement indépendant du gouvernement et sous contrôle des syndicats et associations de retraitéEs.
La Caisse nationale d’assurance vieillesse a évalué le rendement de plusieurs projets de réformes des retraites. Le scénario retenu par le gouvernement, le report de l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans permettrait d’économiser 18 milliards d’euros, au détriment des retraitéEs. Le rejet de cette contre-réforme et une réelle indexation des retraites sur le coût de la vie, c’est un combat global à préparer dès maintenant !