Publié le Vendredi 28 novembre 2014 à 20h51.

L'amiante, industrie criminelle

Le scandale continue...

En France, à Aulnay-sous-Bois (93), 13 000 enfants ont été scolarisés dans trois écoles situées près d’une usine de broyage d’amiante de 1938 à 1975... Près de quarante ans plus tard, les autorités sanitaires se lancent à la recherche de ces anciens écoliers. Un courrier de l’Agence régionale de santé (ARS) d’Île-de-France les invite donc à consulter leur médecin pour « établir un diagnostic » et éventuellement contacter une « cellule d’information dédiée ». « Si les travailleurs du CMMP ont été largement exposés à l’amiante au cours de leur activité professionnelle, les riverains de l’usine l’ont également été du fait des poussières d’amiante émises par le CMMP dans l’atmosphère », souligne l’ARS. En 2006, une première étude avait déjà établi un lien entre l’activité de l’usine et des cas de maladies chez des anciens écoliers. Quatre associations de défense des victimes et des riverains sont en désaccord avec l’ARS sur la mise en œuvre de cette recherche, notamment « la destruction programmée des fichiers » d’anciens élèves empêchant tout suivi médical, ainsi que les indicateurs retenus par l’ARS, insuffisants pour évaluer les pathologies...

(In)justice...

En Italie, après vingt ans d’enquête et de procédures, la Cour de cassation a mis fin à un procès concernant environ 3 000 personnes touchées. Ce procès visait un industriel suisse, Schmidheiny, ex-propriétaire de l’entreprise d’amiante Eternit Suisse et ancien actionnaire d’Eternit Italie, accusé d’« homicide volontaire » pour la mort, à partir de 1989, de 256 personnes décédées d’asbestose (fibrose pulmonaire) ou de mésothéliome (cancer de la plèvre) après avoir été au contact de particules d’amiante sur les sites où Eternit avait implanté ses usines... Condamné en 2012 à 16 ans de prison pour « catastrophe environnementale », peine alourdie en appel à 18 ans et à 89 millions d’euros de dommages et intérêts, Schmidheiny a tout été simplement acquitté pour cause de « prescription ».Selon l’Organisation mondiale de la santé, environ 125 millions de personnes dans le monde sont exposées à l’amiante sur leur lieu de travail et plus de 107 000 personnes en meurent chaque année. Pour elles, il n’y a pas de prescription de la maladie...