Publié le Lundi 29 avril 2013 à 19h15.

Licenciements : gouvernement complice

Depuis l’arrivée au pouvoir du gouvernement Hollande-Ayrault, nous avons connu une évolution accélérée des positions du PS sur la question de l'emploi et des plans de licenciement, première préoccupation du monde du travail.En janvier 2012, sur le site de Petroplus menacé de fermeture, le candidat Hollande s’indignait : « Où est l'État, où est le gouvernement, où est le président de la République ? ». Puis il est allé « manger la merguez » à Florange, promettant qu’il ne laisserait pas Mittal fermer le site comme Sarkozy avait laissé fermer Gandrange. En juillet 2012, le nouveau président et son fougueux « ministre du Redressement productif » Montebourg attaquaient la famille Peugeot lors de l’annonce du plan de 8 000 licenciements et de fermeture de PSA Aulnay, et jugeaient le plan de suppression d’emploi chez Sanofi « inacceptable »… avant de faire un acrobatique rétro-pédalage : « Quand une entreprise fait cinq milliards de profits, comme c'est le cas de Sanofi (…) elle a le droit de se réorganiser », déclarait Montebourg en septembre, après s’être confondu en excuse auprès des multimillionnaires de la famille Peugeot.« Nous ne voulons plus de Mittal en France parce qu'ils n'ont pas respecté la France », attaquait Montebourg en novembre, annonçant que le gouvernement travaillait sur un projet de « nationalisation transitoire » de Florange. Puis au moment où Mittal faisait le chantage aux 20 000 emplois d’ArcelorMittal en France, il précisait : « J'ai voulu dire que nous ne voulons plus des méthodes de Mittal en France, des méthodes qui relèvent du non-respect des engagements, du chantage et des menace » pour conclure, une fois acté le plan des 650 licenciements à Florange et la fermeture de fait des hauts fourneaux, que « la question de la nationalisation temporaire restait sur la table car c'est une arme dissuasive » !Du côté des licencieursLe gouvernement a non seulement oublié la promesse de campagne d’une loi d’interdiction des licenciements boursiers, mais avec la transcription de l’ANI, il supprime même le droit de contester les motifs économiques d’un plan de licenciement. Et les salariéEs des entreprises menacées ont pu vérifier que ce gouvernement n’était pas un point d’appui pour eux, mais qu’il était bien du côté des licencieurs.Le NPA n'avait pas d'illusion sur les promesses de Hollande, mais il s’agit de tirer des bilans. Si Hollande promettait une loi d’interdiction des licenciements boursiers, si Montebourg prônait la « nationalisation temporaire » de Florange, c’est parce que ces questions sont posées par les salariéEs et la population. En effet, les patrons ne sont pas légitimes à décider de fermer une usine, jeter les salariéES à la rue alors qu’ils font ou ont fait pendant des décennies des profits considérables sur leur travail. La révolte que cela provoque a été un argument de campagne pour Hollande et un créneau pour Montebourg, mais ce n’est pas une politique pour un gouvernement qui ne veut pas s’attaquer aux comptes en banque des actionnaires, ni remettre en cause leur pouvoir de décision.Un gouvernement qui voudrait répondre aux salariéEs de PSA, Virgin, Sanofi ou ArcelorMittal commencerait par encourager tous les autres sites menacés par des plans sociaux à entrer également dans la lutte pour réellement interdire les licenciements. Il discuterait avec les organisations syndicales locales et les comités de lutte, des outils législatifs dont les travailleurs ont besoin : contrôle des comptes, réquisition, expropriation et redémarrage de l’entreprise sous le contrôle des salariéEs.Cathy Billard