Publié le Lundi 18 octobre 2010 à 20h22.

Marseille : interview de Pierre Godard sur la grève des communaux...

Pourquoi cette tradition radicale de lutte à Marseille ? Il faut croiser deux données. Marseille est une ville pauvre, fortement précarisée, où un quart de la population vit en dessous du seuil de pauvreté et où le SMIC est le salaire rêvé par beaucoup. Cette situation s’ajoute à une mémoire de lutte de classe fortement conflictuelle, qui se transmet à travers les générations militantes. Pourquoi cette place nouvelle du personnel communal ? En effet les syndicats de ces secteurs ont, dès le 23 septembre, appelé à la grève reconductible. Une décision audacieuse prise en intersyndicale (SDU-FSU ; CGT ; UNSA ; CFDT ; CFTC). Dès le 24 elle a été soutenue très fortement dans les secteurs féminisés, en particulier les femmes des écoles, des crèches, des bibliothèques… Dans les écoles, une grève de plusieurs heures par jour, a atteint les 80%, sans jamais tomber en dessous de 30%. Il faut dire que la question des retraites y est hyper sensible, 56% de ces femmes partent avec moins de 860 euros. Les conséquences mesure de la réforme sont vite mesurées! Peut-être ceci donne-t-il une indication sur la place nouvelle prise par le prolétariat féminin dans les luttes. Elles ont entraînes des secteurs plus traditionnels, comme les éboueurs. Là, la grève a commencé le 11 octobre, suivie aujourd’hui à 90% chez les territoriaux et elle entraîne progressivement les sociétés privées. L’intersyndicale, qui travaille dans une ambiance unitaire remarquable, a vraiment fait un excellent travail ! L’entrée de FO a t-elle changé la donne ? FO est le syndicat majoritaire, mais absent des première semaines. Il n’a rejoint que tardivement la mobilisation, poussé par sa base. Dans les écoles, trois semaines après ! Son propre apport est faible (150 personnes le 15 octobre sur le Vieux Port), la grève se déroule essentiellement sans elle, largement autogérée, avec l’appui de l’intersyndicale. Plus profondément quel est ton sentiment sur les liens crées ces dernières semaines entre les équipes militantes qui sont à l’avant-garde ? Dans de nombreux secteurs, bien au delà des territoriaux, des liens forts se sont tissés au-delà des appartenances syndicales. Les coordinations interprofessionnelles sur le tas se sont multipliées, avec des dialogues très riches sur le sens et les modalités de la lutte. Ajoutons-y les contacts avec les lycéens, et ça donne un fort espoir pour l’avenir. Le dynamisme de ces équipes, il faut remonter à 95 pour le retrouver.

Pierre Godard a été tête de liste NPA/Alternatifs en Paca aux élections régionales.