À l’initiative du NPA, une réunion sans précédent s’est tenue à Marseille le 15 décembre. Tous les partis de la gauche de la gauche se sont mêlés aux dirigeants des principales unions départementales (UD) et à des représentantEs des pôles les plus en pointe lors des précédentes luttes (dont les éboueurs et les « tatas ») pour répondre à une seule question : « quelle portée politique pour le mouvement sur les retraites ? » La salle était comble, l’écoute et le respect de très grande qualité. Toutes les interventions ont noté la profondeur des liens tissés, la mise en mouvement de secteurs nouveaux, la mise en cause du capitalisme bien au-delà de la question des retraites. Donc, malgré l’échec, l’idée que le mouvement laisserait des marques solides était largement partagée. Vers quelle direction politique aller ? La défiance vis-à-vis du PS était générale, dans un département où ses dirigeants n’ont pas hésité à faire donner armée et police contre les grévistes. La salle a vivement applaudi Michel Coste, responsable de Solidaires, s’écriant « on ne va pas choisir l’ennemi des Grecs et des Irlandais ? » Deux interventions parmi d’autres issues du mouvement social, ont montré le chemin à parcourir. Celle de Sébastien Fournier, militant au SNUIPP des quartiers nord de Marseille, regrettant que l’on n’ait pas pu aller vers la grève générale, demandant de ne pas attendre 2012 et appelant le mouvement social à faire irruption sur le terrain politique pour donner une alternative unitaire. Et celle, diamétralement opposée, au moins sur ce débat, de Jean-Marie Michelucci, responsable CGT des raffineries de l’Étang de Berre, qui demandait de ne pas être si radicaux, d’accepter au plan politique de « mettre un mouchoir » sur nos revendications pour permettre un accord de toute la gauche en vue de défaire Sarkozy, sur le modèle de ce qui, à son avis, avait rendu possible l’unité des confédérations et donc du mouvement. Sur le plan des formations politiques, le PCF était manifestement en service minimum. La Fase a défendu la nécessité de la grève générale, et comme le PG et la GU, la nécessité de l’unité à gauche de la gauche (sans aborder la question de l’alliance gouvernementale avec le PS). Le NPA a défendu la nécessité d’un regroupement unitaire de ces forces avec le mouvement social, clairement indépendant du PS. Ni les uns ni les autres n’ont emporté totalement le morceau, comme si les participants, en plus d’être partagés entre eux, étaient partagés en eux-mêmes. Mais contents d’en débattre, comme l’ont montré les discussions acharnées de l’apéro de clôture. De l’avis général, ce genre d’initiative doit se poursuivre dans les mois à venir. Correspondant