Marc Kimzel, salarié de la SNCM, revient sur les luttes salariales à Marseille et ses environs.Si dans beaucoup de villes ou de régions, on sent la colère monter, la région de Marseille semble particulièrement mobilisée. Oui, bien sûr, mais cela ne date pas de ces dernières semaines. Depuis plusieurs années les mobilisations à Marseille et dans la région sont parmi les plus fortes du pays. Depuis deux ans la riposte à la réforme portuaire, votée en 2008, a provoqué le blocage régulier des terminaux pétroliers de Fos et de Marseille. Aujourd’hui c’est le symbole fort de la remontée de la combativité dans la région, à la fois contre la réforme des retraites et contre la réforme portuaire. Le blocage de 53 bateaux à Fos entraîne déjà des pénuries locales de carburant. La prolongation et l’extension du mouvement, commencé il y a quatorze jours, dans d’autres ports ne peut qu’augmenter les difficultés d’approvisionnement. L’autre phare des mobilisations des dernières années était la SNCM1. Qu’en est-il aujourd’hui ?La lutte contre la privatisation en 2005 a laissé des sentiments partagés : maintien de l’emploi d’un côté, régression sociale de l’autre. Et aujourd’hui, de nouveau, il y a des menaces sur l’emploi avec l’annonce des 30 millions de pertes par Veolia pour 2010. Ceci vient renforcer la mobilisation sur les retraites à laquelle nous avons participé massivement jusqu’à maintenant. Votre régime est particulier ?Chez nous la retraite est à 55 ans pour les marins et nous bénéficions de l’Acaata2, dispositif spécifique pour les travailleurs exposés à l’amiante : départ anticipé en fonction du nombre d’années d’exposition et indemnisation par le Fiva3. Les inquiétudes sur ce point expliquent notre participation importante à la manifestation du 9 octobre à l’initiative de la Fnath4 et de l’Andeva5. Quelles peuvent être les suites ?La Fédération CGT Maritime appelle à la reconduction de la grève après le 12 octobre et le Syndicat des marins et sédentaires appelle à des assemblées générales mercredi à 7 heures dans les ateliers et sur les navires pour décider de la reconduction. Pour les raffineries, la zone de l’étang de Berre est la plus grosse concentration de raffinerie d’Europe. Pour la France, cinq des neuf raffineries sont implantées autour de l’étang. Il y a un préavis de grève reconductible déposé par la fédération CGT Chimie. L’activité est déjà tombée à 50 % de la normale du fait du blocage des terminaux. La grève des raffineries pourrait rapidement conduire à une paralysie importante de l’activité économique et être ainsi un formidable encouragement à la lutte pour les autres secteurs. Propos recueillis par Robert Pelletier1. Société maritime Corse Méditerranée.2. Allocation de cessation anticipée d’activité des travailleurs de l’amiante.3. Fonds d’indemnisation des victimes de l’amiante. 4. Fédération nationale des accidentés du travail et des handicapés.5. Association nationale de défense des victimes de l’amiante.