Publié le Mercredi 27 septembre 2017 à 10h05.

MobiliséEs tous ensemble, nous pouvons faire reculer le gouvernement

Après deux journées de grèves et manifestations, une manifestation nationale, il faut réfléchir aux moyens nécessaires pour faire vraiment reculer le gouvernement. 

La manifestation du 12 septembre a été une réussite pour une « première », avec une participation importante du privé, y compris de secteurs précarisés ou de petites entreprises. La journée du 21 a été plus faible, sans pour autant être vécue comme un échec. La présence de la fonction publique y a été maigre, l’annonce de la journée du 10 octobre a sans doute pesé mais n’explique pas tout. De même les premières AG étudiantes restent très minoritaires et la mobilisation des jeunes des lycées est quant à elle toujours quasiment inexistante. Avec plusieurs dizaines de milliers de participantEs, la marche « contre le coup d’État social » organisée par La France insoumise a été un succès, mais n’est pas la « déferlante » qui, à défaut de bouleverser la situation, aurait fait franchir un pas significatif à la mobilisation. 

Et maintenant ?

Cette semaine les routiers sont appelés par la CGT et FO a une grève reconductible et au blocage des dépots, le 28 septembre ce sont les retraitéEs qui descendront dans la rue, avant le 10 octobre qui mobilisera les fonctionnaires contre le gel sans fin de leur point d’indice et contre la journée de carence en cas d’arrêt maladie. Chaque rendez-vous a sa logique et sa légitimité, car chaque secteur est visé par l’offensive tout-terrain de Macron. On devrait ajouter les « emplois aidés » et le droit au logement, les droits et l’accueil des migrantEs, les droits des femmes à l’IVG ou l’indispensable mobilisation contre « l’état d’urgence permanent », sans oublier le refus de l’EPR à Flamanville ou de l’enfouissement des déchets à Bure...

Rien d’étonnant donc à cette multiplication des échéances car c’est bien l’ensemble des salariéEs, quel que soit leur statut, mais aussi l’ensemble des couches populaires et parmi elles plus encore celles et ceux qui sont discriminés et opprimés qui sont attaqués.  Mais cette succession de dates ne fait pas une stratégie de mobilisation pour gagner. Le gouvernement est incroyablement impopulaire, il a chuté vertigineusement dans les enquêtes d’opinion. Même les sénatoriales, certes avec leur caractère antidémocratique, ne lui sourient pas ! À chaque fois que Macron ouvre la bouche, il provoque la colère d’une nouvelle partie de la population. Mais ce rejet ne fait pas (encore) un mouvement social puissant. 

Pour un plan d’action global et unitaire

La division syndicale, le refus de mobiliser de manière interprofessionnelle de la direction de FO et pire de la CFDT, pèsent lourd, tout comme au plan politique la posture hégémonique de « seule opposition à Macron » adoptée par la FI. Tout cela doit être combattu, et la très forte aspiration à l’unité pour agir ensemble est un point d’appui. Elle est présente dans les initiatives unitaires comme le meeting du 21 septembre à Harfleur, dans la lettre ouverte du Front social aux différentes organisations, dans les initiatives du collectif « Pour nos droits sociaux », etc. Elle était présente, en dépit de l’appel initial, dans la marche du 23, et l’accueil chaleureux du NPA par les manifestantEs en témoigne. 

Dans cette situation instable, une étincelle peut toujours mettre « le feu à la plaine », un événement déclencheur peut réveiller et fédérer les énergies aujourd’hui limitées et dispersées : une énième provocation, policière ou politique, celle de trop ; la mobilisation de la jeunesse qui est une des clés pour mettre en crise le gouvernement, ou d’un autre secteur capable de créer une situation de blocage – c’est par exemple ce qui exige le soutien actif au mouvement des routiers... Mais il est impossible de faire l’économie de la construction de la mobilisation, de l’ancrage de la grève et de son organisation démocratique, et surtout de la conviction qu’il est possible de gagner. Pour cela il est décisif de créer, partout dans le pays, dans les entreprises et les services mais aussi les quartiers et les communes, une ambiance de lutte, de débat, une effervescence sociale et démocratique et donc des outils unitaires. Tout ce qui va dans ce sens est bienvenu. Une manifestation monstre à Paris peut en faire partie, si elle s’inscrit dans un plan d’action global et unitaire. 

Christine Poupin