Une nouvelle attaque contre la jeunesse est en cours. Plus de 500 postes d’éducateurEs, de conseillerEs en insertion ou encore de psychologue ne sont pas renouvelés lors de cette rentrée au sein de la Protection judiciaire de la jeunesse.
Pour un petit million d’économie, ce gouvernement démissionnaire fait le choix de supprimer les moyens nécessaires à l’accompagnement éducatif et mise sur le répressif. Dès 2019, le cap était clair pour Macron avec la refonte de l’ordonnance 45 qui organise la justice des mineurEs, la mise en place de préjugements pour les mineurs sans instructions par le magistrat et l’ouverture de 20 nouveaux « centres éducatifs fermés » (joli nom pour des centres de détention). Le message : moins de prévention, plus de répression !
500 contractuelLes non renouvelés
Cette fois-ci, c’est plus de 500 contractuelLEs qui ne seront pas renouveléEs. La raison invoquée ? Besoin de faire des économies, mais à quel prix ? Angèle, éducatrice, a appris la perte de son emploi en revenant de congé maternité. Son délai de prévenance n’a pas été respecté et on lui a précisé, comble du mépris, qu’il ne fallait pas qu’elle s’inquiète car dans quelques mois son poste pourrait rouvrir. Elle aura eu 10 jours pour dire au revoir aux jeunes qu’elle a accompagnés parfois sur plusieurs années ; des jeunes qui sont généralement déjà victimes d’un parcours marqué par la séparation et l’abandon, des jeunes qui en plus de devoir composer sans leurs éducateurEs, n’ont parfois même plus accès à unE psychologue ou unE conseillerE en insertion puisque leurs postes sont non renouvelés.
Une orientation politique qui criminalise les mineurEs
En résumé, des jeunes délaisséEs et des travailleurEs sociaux mépriséEs. Mais au-delà des questions purement économiques, il y a une orientation politique. Les 500 postes supprimés vont amener une réorganisation globale des différents services sur le territoire. Les jeunes qui ont des mesures judiciaires seront certes toujours accompagnés mais ce sera moins de temps dédié pour chacunE, et surtout la suppression des missions annexes de la PJJ : les questions de prévention auprès de l’Éducation nationale, de conseils auprès des professionnels qui travaillent avec des jeunes, la mise en place de classes relais qui permettent aux jeunes éloignés de l’école de raccrocher. Finalement, des missions essentielles à la prévention de la délinquance qui sont difficilement quantifiables n’existeront plus par manque de temps.
Encore une fois, ce sont les mêmes jeunes qui sont léséEs. Ce ne sont pas les subventions aux écoles privées qui sont touchées, mais un service public, imparfait mais utile, qui accompagne bien souvent les jeunes raciséEs et/ou issuEs de familles précaires. En effet, la délinquance et son traitement sont des phénomènes qui s’analysent en lien avec milieux dont nous sommes issuEs. Difficile d’ailleurs de ne pas faire le lien avec la criminalisation des révoltes des quartiers populaires de 2023, à la suite du meurtre de Nahel par un policier : ces transformations de l’essence de la justice des mineurEs ne viennent-elles pas répondre à une panique morale sécuritaire sans réellement prendre en compte les besoins des populations ?
Mobilisation des professionnelLEs de la PJJ le 19 septembre
Il est important de souligner que les travailleurEs de la PJJ ne se laissent pas faire et défendent non seulement leurs emplois mais aussi une certaine vision de la justice et du processus éducatif en son sein, en pointant la nécessité de réels moyens pour plus de prévention, vision qui s’oppose au tout sécuritaire mise en place par le ministre de la Justice. Ainsi depuis l’annonce de ce plan social qui ne dit pas son nom, plusieurs dates de grèves et de journées de mobilisation, les 14 et 29 août, appelées par une intersyndicale large, ont été largement suivies et ont permis de visibiliser cette lutte syndicale qui est une lutte politique pour une autre justice des mineurEs.
Le 19 septembre les professionnelLEs de la PJJ seront de nouveau en grève pour protester contre le licenciement de leurs collègues et les orientations toujours plus répressives de leur ministère.
Victor Smet