Publié le Mercredi 21 novembre 2018 à 11h05.

Pouvoir d’achat, la grande entourloupe

Le gouvernement ne cesse de vanter son effort pour le pouvoir d’achat. Mais, pour une large partie de la population et d’abord « ceux d’en bas », ce qui semble gagné d’un côté (comme la baisse de la taxe d’habitation), disparaît de l’autre et les fins de mois sont toujours difficiles.

D’abord, toutes les estimations un peu sérieuses montrent que ce sont avant tout les revenus élevés qui profitent des réformes du gouvernement et que les bas revenus sont les perdants (désindexation des prestations sociales, hausse des taxes sur les carburants et le tabac).

Les salaires augmentent peu et sont rongés par l’inflation. D’après les chiffres publiés le 13 novembre par le ministère du Travail, l’indice du salaire horaire de base des ouvrierEs et des employéEs a progressé de 1,5 % entre septembre 2017 et septembre 2018 alors que, durant la même période, les prix à la consommation (pour l’ensemble des ménages et hors tabac) ont augmenté de 1,9 %. Quant aux retraites, outre la hausse de la CSG, pèsent les revalorisations au compte-goutte, notamment pour les retraites complémentaires du privé qui augmentent chaque année moins que les prix.

Et il y a un problème de thermomètre : l’indice des prix à la consommation de l’Insee est utilisé pour mesurer les hausses de prix. Mais cet indice officiel n’est pas un instrument miracle : il dépend des choix faits pour le calculer. Il ne prend pas en compte toutes les dépenses des ménages. La taxe d’habitation ou la CSG ne comptent pas : quand la CSG augmente, comme c’est le cas cette année pour des millions de retraitéEs, l’indice des prix de l’Insee ne voit rien. Ensuite, la pondération de chaque bien ou service qui compose le « panier » est basée sur une moyenne nationale. Par exemple, le poste « loyers » compte pour seulement 6 % du panier moyen. Du coup, les hausses de loyer, même importantes, n’impactent que très peu l’indice. La hausse récente du carburant n’affecte pas ceux qui n’ont pas de voiture ou l’utilisent peu. Mais pour les salariéEs obligés de la prendre pour aller travailler, elle est catastrophique, alors que la moyenne cache en grande partie son effet. Même problème pour faire les courses avec l’évolution de l’implantation des commerces. On pourrait multiplier les exemples. Jusqu’à 61 % du budget des bas revenus est absorbé en dépenses « pré-engagées » (frais de logement, assurances, cantines, forfaits téléphoniques et audiovisuels). Ce qui reste pour vivre est donc réduit ; d’où l’effet décuplé de certaines augmentations (comme l’essence aujourd’hui) qui gênent beaucoup moins les hauts revenus. 

HW