Documentaire co-écrit avec Denis Robert, 1 h 54 min, sorti le 7 décembre.
C’est un film très utile et très bien fait. Dans le style des Nouveaux chiens de garde (réalisé par le même Kergoat avec Gilles Balbastre), on nous raconte l’histoire de ce capitalisme triomphant et tricheur qui développe à fond son sport favori : l’évasion fiscale. Si les mécanismes ne sont pas toujours simples à saisir, on suit les chemins tortueux de l’argent avec, en alternance, des images d’archives de télévision, des séquences explicatives animées et des interviews de personnes « spécialistes » qui, elles, ont des choses à dire, surtout pour dénoncer un système économique et politique profondément injuste.
Un système fiscal au service des riches rôdé depuis près de 50 ans
L’évasion fiscale est une histoire ancienne, elle prend son essor en pleine crise du capitalisme, au début des années 1970. C’est une affaire de très riches, de gros capitalistes qui cherchent à accumuler toujours plus de fortunes. Face à une fiscalité trop contraignante pour eux, ils tentent de passer entre les mailles du filet, très bien aidés par des cabinets spécialisés dans ce qu’ils s’appellent l’optimisation fiscale. Avec ces images, on s’amuse parfois, même si on sourit jaune tant le cynisme des très riches et des gouvernants est frappant.
On voit bien que c’est une vieille histoire, quasiment depuis le début de la crise (il y a 40 ou 50 ans). Ce « scandale » de l’évasion fiscale est dans l’actualité depuis des années et les pouvoirs politiques affirment sans gêne et sans cesse qu’ils combattent avec détermination ce système de triche. Quel résultat !
Les archives nous ramènent à Sarkozy en 2008, lors de la grande crise financière, mais aussi bien plus tôt avec tous les gouvernements précédents. Se succèdent des images et des déclarations d’un cynisme incroyable, on mesure mieux encore avec le recul à quel point ils se sont tous moqués du monde. Même si à l’époque cela apparaissait déjà comme tel !
Une richesse absorbée par l’exploitation et par la triche
Le film explique que la fraude et l’évasion fiscale sont des systèmes bien pensés, bien construits par et pour les riches, mais aussi ou surtout avec l’accord et l’aide des États. Sinon cela n’aurait jamais fonctionné ainsi, cela n’aurait jamais pris une telle ampleur. Il fallait bien la caution des gouvernements, du système politique dans son ensemble.
Les riches dominent, possèdent, exploitent et en plus ils trichent. Et le drame n’est pas tant que cette classe sociale d’égoïstes joue avec l’argent pour en avoir toujours plus, c’est que cette richesse est détournée, accaparée et volée à la société, à la collectivité. C’est toute cette richesse absorbée par l’exploitation et encore plus par la triche qui manque pour la population, pour les services publics, pour la santé, pour le logement, pour l’éducation, etc.
Ce film raconte bien tout cela, il dénonce bien. Et même si parfois on a tendance à douter de la possibilité de renverser ce système, Yannick Kergoat et ses collègues nous donnent un outil pour comprendre, pour réfléchir et pour avoir envie d’agir contre le capitalisme et les parasites fortunés.