Publié le Lundi 1 avril 2013 à 19h40.

Procès de l'amiante : la course de lenteur

En novembre 2012 Martine Aubry a été mise en examen par la juge Bertella-Geffroy pour homicide et blessures involontaires dans l’affaire de l’amiante de l’usine Ferodo-Valéo dans le Calvados où 1 300 anciens salariés sont déjà morts du cancer (voir Tout est à nous ! n°170). Le 18 mars dernier, cette même juge a été déchargée de ses fonctions par la ministre de la Justice Christiane Taubira.Taubira insiste qu’elle ne fait qu’appliquer une règle qui limite à 10 ans les fonctions d’un juge spécialisé mais ce n’est pas l’avis de la magistrate concernée qui a l’intention de contester sa mutation devant le Conseil d’État, ni de son syndicat FO-Magistrats, ni de l’association des victimes de l’amiante, Andeva.Un retard mortelL’exposition mortelle à l’amiante et la complicité criminelle de l’État et des gouvernements successifs est un des plus gros scandales concernant la santé publique. En 2005, un rapport du Sénat estimait que l’amiante était responsable de 10 à 20 % des cancers du poumon et que d’ici 2025 elle pourrait provoquer la mort de 100 000 personnes. La nocivité de l’amiante est connue depuis 1906, son caractère cancérigène depuis les années 1950, mais en France il a fallu attendre 1977 avant les premières mises en garde timides et 1997 avant son interdiction. Les premières plaintes des victimes datent de 1996 mais les procédures traînent toujours.D’après Christiane Taubira, la juge sera remplacée par deux autres magistrats mais l’association Andeva pense que dans le meilleur des cas la procédure sera retardée d’un an, le temps que les nouveaux juges prennent connaissance de la montagne de documents. Dans le pire des cas, le dossier risque d’être définitivement enterré. La juge Bertella-Geffroy est amère : « Je suis entrée dans la magistrature car je croyais en la justice. Je vais en sortir, je n'y crois plus ». Andeva ne compte pas en rester là et continuera à se battre pour que justice soit faite.Ross Harrold