Publié le Jeudi 24 octobre 2013 à 12h41.

PSA : battre le patron et le gouvernement sur l’ANI

Ces dernières semaines ont été marquées par des mobilisations répétées dans le groupe PSA contre la mise en place de l’accord de compétitivité. Pour comprendre et évaluer la signification des débrayages chez Peugeot, il faut les replacer dans un double contexte. D’une part, l’accord de compétitivité (ANI), passé dans la loi le 14 juin, représente un recul social extrêmement important, une véritable casse du code du travail. Il donne toutes facilités à la baisse des salaires, à la flexibilité, la mobilité interne, les licenciements sans limites, aux pires dégradations des conditions de travail, en cas de « difficultés conjoncturelles », comprenez : tout le temps. C’est même, selon le Conseil constitutionnel, contraire à la « Déclaration des droits de l’homme et du citoyen » de 1789. Pas moins !
D’autre part, cette attaque sans précédent a été approuvée par CFDT, CFTC et CGC en janvier 2013. Malgré cette loi scélérate, malgré les luttes des ouvriers de Renault, il y a eu une absence de mobilisation réelle des confédérations FO et CGT hostiles, en parole, à ce projet. La CGT a même déclaré qu’il était inutile de mobiliser les salariés, décrétant à l’avance qu’ils ne bougeraient pas et qu’il fallait seulement s’adresser aux députés pour qu’ils ne votent pas le texte. Il n’y a même pas eu d’information sérieuse sur l’ANI.

Mobiliser, c’est possible !L’argument de la démoralisation des travailleurs pour justifier cette inertie ne tient pas quand on regarde ce qui s’est passé à l’usine de Peugeot Mulhouse et ses conséquences pour le groupe PSA. La CGT de l’usine a mené une intense campagne d’information sur les dangers de l’ANI (tout comme le NPA de son côté). Un tract par semaine pendant un an avec prises de parole dans les cafétérias. En mars 2013, lors de la première manifestation nationale contre l’ANI, les militants CGT de Peugeot Mulhouse ont forcé le barrage physique et moral de l’inertie des UL et UD qui ne voulaient pas manifester, pour entraîner les présents dans une manifestation « sauvage » et enthousiasmante pour tous les participants. Cela a créé un climat propice au débrayage « surprise » de 900 salariés de Peugeot Mulhouse le 11 septembre et, par suite, de tout le groupe. Les salariés du groupe ont vu dans le débrayage de Mulhouse le signal qu’il y avait du monde pour bouger contre l’ANI, que c’était possible, montrant à leur tour par les mobilisations qui ont suivi et qui continuent, que si les confédérations l’avaient voulu, il y aurait eu du répondant.
Pour les salariés de Peugeot, débrayer seuls alors qu’il faudrait mener une lutte nationale et pas seulement contre son propre patron, et alors que les confédérations syndicales signent ou ne font aucun effort sérieux de mobilisation, cela n’aide pas. Pourtant ils continuent à se mobiliser, sur une pente certes déclinante pour le moment dans la plupart des usines, sauf à Rennes. Là, se combinant au plan de 1 400 licenciements, le mouvement est au contraire ascendant, montrant ce qui peut se combiner, avant une possible nouvelle action sur le groupe PSA autour du CCE du 24 octobre.Rien n’est donc fini. L’ANI va provoquer une avalanche de plans « sociaux », et de nombreuses luttes — comme à Michelin Joué-lès-Tours et ses 480 salariés mutés sur 14 sites —  montrent une nouvelle fois que ce ne sont pas les salariés qui sont démoralisés mais les états-majors qui sont complices. Cela révèle aussi que la poudre pour une explosion généralisée est en train de s’accumuler et que l’étincelle pourrait bien être l’application pratique de l’ANI, chez PSA ou ailleurs, se cumulant avec d’autres colères souterraines.
Jacques Chastaing et Bertrand Dubs

A PSA PoissyLes 7 grévistes SUD de Poissy ne lâchent pas contre le système PSA ! Depuis 35 jours de grève de la faim, avec leur comité de soutien unitaire, ils multiplient les initiatives pour briser l’omerta des médias, aller à la rencontre des salariéEs et de la population. Ils appellent à la solidarité face à la discrimination syndicale, au harcèlement moral subi et pour dénoncer l’accord scélérat de compétitivité signé par des syndicats minoritaires à la botte de PSA. Le NPA les soutient au quotidien pour que PSA les écoute enfin et évite ainsi une catastrophe sociale et humaine.