Publié le Jeudi 12 janvier 2012 à 22h41.

Relaxe pour Xavier Mathieu

Plusieurs centaines de personnes se sont réunies devant la cour d’appel d’Amiens pour soutenir l’ex-leader des Conti, poursuivi pour refus de donner son ADN.

Quelque 300 militantEs se sont retrouvéEs devant la cour d’appel d’Amiens, mercredi 4 janvier, pour soutenir Xavier Mathieu et exiger sa relaxe. Cette cour a été saisie par le parquet en appel de la décision de relaxe prise par le tribunal de Compiègne concernant le refus de Xavier de se soumettre au contrôle ADN, en vue de son inscription sur le Fichier national automatisé des empreintes génétiques (Fnaeg). Avant l’audience, des représentants de Continental et du Comité de lutte, de représentants nationaux du PCF, du PG, d’EÉLV, de LO, du NPA, de Solidaires, de la FSU ainsi qu’une représentante locale du Parti socialiste ont pris la parole. En revanche, l’absence de représentants nationaux du PS, de la CFDT et de la CGT a été remarquée. La Compagnie Jolie Môme, La Rabia et HK ont fait patienter les manifestantEs durant l’audience.
 
Le procureur s’acharne sur le porte-parole des Conti pour faire payer à ces salariéEs leur résistance à l’arbitraire patronal. Il s’agit, de plus, de faire appliquer l’obligation de se soumettre au prélèvement ADN, quel que soit le délit et d’entériner ainsi la criminalisation des révoltes sociales. Après avoir repoussé l’accusation de soumission au pouvoir d’État, le procureur écarte le témoignage de 
C. Hoareau, syndicaliste CGT, dispensé par un juge de prélèvement, et celui de C. Bourgain, chercheuse à l’Inserm, démontrant que le fichage ADN pouvait dériver en fichage médical ou racial. Rejetés également les arguments de M. Bonduel du Syndicat de la magistrature dénonçant l’utilisation du Fnaeg passé d’outil d’élucidation à celui de fichage et de sanction. Le procureur confirme sa demande de condamnation assortie d’une amende de 1 000 à 1 500 euros. M.-L. Dufresne-Castet, avocate des Conti et de Xavier, demande la confirmation de la relaxe. Elle dénonce tout d’abord la partialité du pouvoir multipliant les procès contre les salariéEs, autorisant le seul licenciement de Xavier comme représentant des salariéEs et lui imposant un prélèvement ADN. Délibérément et injustement puisque le contexte de l’action syndicale condamnée ne justifie pas d’inscrire Xavier dans un fichier de délinquants. Discriminatoire enfin parce que ce n’est pas Xavier comme prétendu délinquant qui est visé par la condamnation mais le porte-parole d’un combat syndical.
Enfin Xavier, fort ému, hésitant à monter une nouvelle fois au créneau, rappelle la lutte des Conti pour la sauvegarde de leurs emplois, pour leur dignité. Sur 1 100 travailleurs, seuls 200 ont, aujourd’hui, retrouvé un CDI. Xavier dénonce le saccage social que représentent ces emplois supprimés avec son cortège de vies brisées, les addictions à l’alcool, la drogue ou les antidépresseurs, les divorces et un suicide. « J’aurais aimé voir les dirigeants de Continental devant cette Cour. Le gouvernement avait pourtant promis de poursuivre et punir ces patrons voyous ». Xavier rappelle le fichage par le gouvernement de Vichy des juifs, des homosexuels, des tziganes, des communistes et son utilisation. Il conclut : « J’ai un patrimoine génétique. Il m’a été donné par amour par mes parents, il a été transmis par amour à mes trois enfants. J’ai un petit-fils aujourd’hui. Jamais je ne donnerai mon ADN autrement que par amour. »  Résultat le 3 février.
Robert Pelletier