Publié le Vendredi 25 juin 2010 à 15h04.

Retraites : imposer le retrait du projet de loi

Après un suspens intenable, le gouvernement a enfin dévoilé son projet de loi sur les retraites. Et comme nous pouvions nous y attendre, c’est un recul social majeur pour la plus grande partie de la population qui est programmé, si cette loi était votée. Après avoir essayé de nous « endormir » par de vraies-fausses consultations-négociations, le gouvernement a décidé de nous faire travailler plus longtemps : d’ici 2018, l’âge légal du départ à la retraite passera à 62 ans et celui du départ à taux plein et sans décote, à 67. Mais aussi en augmentant la durée de cotisation à 41,5 ans en 2020. Alors que les salariés rentrent de plus en plus tard sur le marché du travail et que les entreprises s’en débarrassent de plus en plus tôt, qui pourra avoir le nombre nécessaire d’annuités pour percevoir une retraite complète ? Peu de monde et c’est bien le but de cette nouvelle contre-réforme, baisser encore le montant des retraites pour faire la part belle aux assurances privées et fonds de pension. Les conditions de départ à la retraite sont aggravées pour tous et toutes, salariéEs du privé ou du public, jeunes ou précaires. Seront particulièrement pénalisés, ceux et celles qui auront commencé à travailler tôt, mais plus généralement, de nombreuses femmes. Cette « réforme juste » nie les inégalités existant entre femmes et hommes et, pire, va les creuser davantage. Et ce n’est pas la mesurette consistant à inclure, dans le calcul de leur salaire de référence, un trimestre d’indemnités journalières pour les femmes en congé maternité qui changera les choses. Sous prétexte d’équité et de justice, le taux de cotisation des fonctionnaires est augmenté d’environ 3 % sur plusieurs années, pour arriver au même taux que les salariés du privé. Il s’agit d’une baisse des salaires des fonctionnaires, ce qui n’était pas arrivé depuis le gouvernement Laval en 1935. Sur la question cruciale de la pénibilité, le gouvernement endosse la conception patronale reposant sur un constat au cas par cas, laissant le soin au salarié d’apporter la preuve médicale que son métier à été pénible. La retraite devient ainsi une affaire de gestion individuelle dans laquelle le droit collectif à la protection disparaît. C’est donc bien une régression sociale majeure pour la plupart des salariés. Ce projet aggravera le partage très inégal des richesses entre le capital et le travail. Car même si, pour rendre moins impopulaire le projet de loi, Sarkozy et Woerth font semblant de taxer les plus riches, 85 % des mesures du gouvernement seront financées par le salariat. On est donc loin d’une réforme juste. Et pourtant, d’autres choix sont possibles pour maintenir la retraite à 60 ans maximum et à taux plein mais aussi pour revenir à 37,5 annuités pour tous et toutes avec prise en compte des années d’études et de formation. Il suffit par exemple d’augmenter de 300 euros net les salaires sans exonération de cotisations patronales, ce qui rapporterait environ 50 milliards dans les caisses de la Sécurité sociale. D’en finir avec le chômage en réduisant massivement le temps de travail. S’il n’y avait pas 5 millions de chômeurs mais 5 millions de cotisants supplémentaires, personne ne parlerait de problème des retraites. La question des retraites n’est ni démographique ni technique c’est une question de répartition des richesses, de choix politique. Le 24 juin prochain, les salariéEs sont de nouveau appeléEs à se mobiliser et à se mettre en grève. Il est important d’y être le plus visible et le plus nombreux possible, pour montrer notre détermination face à ce gouvernement de classe. Les journées mensuelles saute-moutons ne seront pas suffisantes pour imposer le retrait du projet de loi. Pour cela, il faudra une vraie mobilisation d’ensemble, une grève générale, un véritable affrontement. Et ne surtout pas attendre 2012, comme certains nous le proposent. Défendre la retraite à 60 ans à taux plein, imposer le retrait du projet de loi, faire reculer le gouvernement, c’est maintenant que ça se passe. C’est aussi l’occasion de crier bien fort, tous ensemble, que ce n’est pas aux salariéEs de payer la crise mais bel et bien à ceux qui en sont responsables, les spéculateurs, les capitalistes. Sandra Demarcq