Publié le Jeudi 22 juillet 2010 à 11h30.

Retraites : se battre pour gagner !

Pour faire reculer le gouvernement et Sarkozy sur la contre-réforme des retraites, la seule solution est de préparer la bataille. Boîte par boîte, quartier par quartier, mobilisons-nous ! La bataille contre la réforme gouvernementale des retraites sera, par bien des aspects, décisive. Pour le gouvernement, elle devait être la dernière du quinquennat afin de laisser le temps aux blessures sociales de cicatriser avant l’élection de 2012. Elle devait permettre aussi de consolider le clan Sarkozy au sein de la coalition majoritaire. Mais la « crise » économique en a décidé autrement. Pour la bourgeoisie, il faut aller plus loin : rigueur, austérité, les mots qui font peur sont lâchés pour justifier la régression sociale. Car Liliane Bettencourt ne paie pas Sarkozy, n’embauche pas Mme Woerth, les grands groupes industriels ne subventionnent pas l’association de « soutien à Éric Woerth » par pure idéologie. Ces valets sont payés pour appliquer la politique de la bourgeoisie : privatisation des retraites, de l’Éducation, de la santé, blocage des salaires, etc. Les capitalistes se moquent comme de leur première Rolex de la réduction des déficits publics (qui rapportent aux banquiers !) mais veulent toujours moins de cotisations sociales, et de salaires, pour toujours plus de profits et de dividendes. La difficulté, c’est que pour appliquer cette politique, il leur faut gagner les élections. Mais la concurrence est rude. De Royal à Villepin en passant par Bayrou, Aubry ou Strauss-Kahn, ils sont nombreux à briguer la place. Et du coup, il n’est pas sûr que pour Sarkozy, l’affrontement social soit la meilleure préparation. Mais pour faire un compromis, encore faut-il trouver des interlocuteurs syndicaux ou politiques. Pour ceux-ci, les choses ne sont pas simples non plus. Côté syndicats, sur fond de crise structurelle, les hésitations l’emportent quant aux politiques à tenir. Le radicalisme factice de FO, associé à des compromis constants avec le patronat, fait de moins en moins recette. La direction de la CFDT a retenu la leçon de 2003 : tout lâchage du combat en pleine mobilisation risque de lui faire perdre des dizaines de milliers d’adhérents. La direction de la CGT a également entendu cette leçon et reste traumatisée par la révolte de la base et des structures intermédiaires lors du Traité constitutionnel européen. Pas sûr que la liquidation d’opposants dans le nord, à Air France ou à EDF soit la réponse aux doutes qui traversent la confédération et alimentent les crises dans les unions départementales ou les fédérations. Quant à la FSU, son radicalisme initial a laissé la place à une grande discrétion, dans l’ombre de la CGT. Côté politiques, les oscillations des positionnements d’Aubry ne laissent planer aucun doute sur la réalité d’une politique constante de la social-démocratie : être prête à gérer le système. Les grands mouvements grévistes de 1936 ou de 1968 n’ont pas germé dans le cerveau des dirigeants des partis ou des syndicats censés défendre nos intérêts. Le succès électoral de 1936, la révolte des étudiants et la grande manifestation unitaire de 1968 ont donné l’idée aux travailleurs qu’ils devaient lutter avec leurs armes, c’est-à-dire la grève, le blocage de la production et qu’ainsi, ils pouvaient gagner. Plus récemment en Guadeloupe, la mobilisation a fait reculer durablement le pouvoir. En Espagne, en Grèce, en Italie, les résistances se maintiennent. Il appartient aux militants révolutionnaires, aux syndicalistes de faire passer ces idées dans les faits. Loin du « bouton » sur lequel il suffirait d’appuyer pour déclencher la grève générale, nous devons la construire à partir de nos boîtes, de nos localités. Depuis des mois la colère gronde, les luttes existent. Dans l’Éducation, les hôpitaux, le point de rupture n’est pas loin d’être atteint. Dans de nombreuses boîtes du privé, les bagarres se suivent, à défaut de se coordonner, sur les salaires, les conditions de travail, contre les fermetures de sites et les licenciements. Certes, 30 ans de reculs sociaux ne s’effacent pas du jour au lendemain. Mais à la crise économique s’ajoute maintenant une crise morale. Par la mobilisation, il faut faire exploser la crise sociale, voire politique. De nombreux manifestants criaient le 24 juin : « aujourd’hui, dans la rue, demain on continue ». Alors allons-y ! Robert Pelletier