Publié le Jeudi 20 juin 2013 à 10h38.

Sommet social : dialogue ou affrontement ?

La Conférence sociale de 2012 avait débouché sur un cadeau de 20 milliards au patronat et l’Accord national interprofessionnel facilitateur de licenciements. Mais la logique de la politique d’austérité ne supporte pas de pause. La Conférence sociale des 20 et 21 juin 2013 va fixer le calendrier de nouvelles attaques contre les salariéEs, les retraitéEs, les chômeurEs, les femmes et les jeunes.Le cadre avait été donné par le rapport Gallois : « Les circonstances de la Deuxième Guerre mondiale et de la Libération avaient permis d’élaborer, en 1946, un Pacte qui a permis les Trente glorieuses ; chacun sent aujourd’hui que ce pacte négocié il y a 60 ans est à bout de souffle, qu’il ne fonctionne plus et qu’il « fossilise » le dialogue social. Il faut en bâtir un nouveau. 

Trois concertations ou négociations majeures sont menées simultanément. La concertation sur le financement de la protection sociale, la négociation sur les institutions représentatives des personnels, celle, enfin, sur la sécurisation de l’emploi. Ces trois processus constituent un ensemble d’où peut justement émerger ce nouveau pacte. Les partenaires sociaux sont donc face à une responsabilité que l’on peut qualifier, sans grandiloquence, d’historique. Nous pensons qu’un nouveau pacte social, plus dynamique, adapté aux révolutions que nous traversons, est une clé incontournable de la compétitivité. Sans un tel pacte, les développements qui précèdent dans les cinq premières parties perdent une part de leur portée. »

« C'est pas dans les salons que l'on obtiendra satisfaction »…Si les retraites sont l’enjeu immédiat de la Conférence sociale, toute la protection sociale est dans le collimateur : retraites, chômage, Sécurité sociale, formation professionnelle. Seule cette dernière pourrait relever du donnant-donnant, avec un partage du gâteau entre patronat et syndicats, pour maintenir la tête hors de l’eau aux syndicats­-croupions CGC et CFTC jusqu’à la prochaine validation de la représentativité syndicale.Pour le gouvernement, il y aurait urgence. Pourtant, contrairement à ce que les médias répandent, il n'y a ni catastrophe ni urgence. Les projections du très consensuel Conseil d'orientation des retraites montrent que le besoin de financement à l'horizon 2020 équivaut à 1 % de la richesse nationale. À l'horizon 2060, c'est-à-dire lorsque les jeunes d'aujourd'hui prendront leur retraite, il serait d'un peu moins de 3 %, et cela dans le pire scénario…

Sur l’ANI, il y avait un semblant de négociation, même si cela a débouché sur des « avancées » bidons (formation professionnelle, chômage, droit des salariés), des reculs masqués (complémentaire maladie)  et de graves attaques (liberté plus grande de licencier, de réduire les salaires et d’aggraver les conditions de travail).Pour la contre-réforme Hollande-Ayrault­-Touraine, il n'y a rien à négocier : tous les efforts sont supportés par les salariéEs et les retraitéEs. Ce ne sont pas les rassemblements-alibis à l’initiative de la Confédération européenne des syndicats du 19 juin qui peuvent servir de point de départ à la mobilisation contre ces mesures. La timide initiative de l’UD CGT Paris et la déclaration signée par le NPA, Alternative libertaire, les Alternatifs et la CNT indiquent la voie à suivre : c’est bien dans la rue que ça doit se passer.

Robert Pelletier