Mercredi 17 mars, à Saint-Vit (Doubs), le sourire était sur toutes les figures des grévistes du dépôt Super U. Dans la main, c’était le verre de l’apéro. Avec leurs collègues des autres entrepôts de la division est de Mulhouse, Saint-Just (Ain) et Rumilly (Haute-Savoie), les travailleurs de ce site ont fait plier leurs patrons après une semaine de grève. En effet, face aux bénéfices annoncés et aux parachutes dorés s’élèvent à 1 million d’euros pour les trois cadres remerciés par la coopérative des employeurs de Système U, les salariés ont pris comme une insulte le 1% d’augmentation proposé. Ils ont alors entamé une grève illimitée sur les quatre sites à l’appel de l’intersyndicale (CGT, CFDT, SUD, FO et CTFC). La revendication a porté sur une augmentation de 150 euros par mois. À Mulhouse, la direction a fait intervenir les CRS. Mais à Saint-Vit, le piquet de grève s’est relayé 24 heures sur 24. Plus de 90 % des 120 employés fixes se sont mis en grève. Paradoxe, dans un entrepôt qui travaille en deux huit, les grévistes se sont organisés en trois huit, pour bloquer toute sortie de camion. Rapidement, les rayons des magasins U de l’Est se sont vidés et les patrons ont annoncé 30 % de chiffre d’affaires en moins. Dans la nuit du mardi 16 au mercredi 17 mars, un marathon a finalement permis d’arracher 3 % d’augmentation, soit pas loin des revendications émises. À l’augmentation de 1 % obtenue, s’ajoutent une prime mensuelle d’objectifs, une augmentation de la prime d’assiduité et de la prime vacances. Quant aux journées de grève, elles seront récupérées en heures supplémentaires. La dernière grève remonte à mars 2001. Elle avait également abouti à de substantielles augmentations salariales. Comme le dit un jeune salarié du piquet de grève : « ça fait du bien de gagner quand tu fais grève pour la première fois. Et puis, sur le plan humain, c’est vraiment bien de te dire qu’on peut être solidaires ». Des salariés de la zone industrielle proche sont passés pour prendre des nouvelles. L’annonce de la victoire pourrait en inspirer quelques-uns dans la période qui s’annonce. En tous les cas, ce que montrent ces salariés, c’est qu’en se battant de manière déterminée, il est possible de gagner. Correspondant