Publié le Mardi 28 janvier 2020 à 10h17.

Une semaine de grève active dans le Gard

Après une semaine intense de mobilisation, la nouvelle séquence s’ouvrait lundi 20 janvier dès 5h30 au dépôt SNCF de Nîmes. Les bonnes habitudes sont prises : une équipe fait le filtrage en direction des non-grévistes, une autre va bloquer un lycée de Nîmes et la dernière se rend au centre de tri postal de Saint-Césaire pour convaincre les postièrEs de se mettre en grève, dans la continuité de ce qui a été fait précédemment à l’usine de Perrier. Désormais au fait de nos habitudes, les gendarmes étaient déjà devant le lycée, mais plusieurs enseignantEs ont débrayé et n’ont pas assuré la surveillance des examens. Un peu plus tard dans la matinée, il y a eu l’AG décisionnaire au dépôt SNCF. Les discussions portaient essentiellement sur l’organisation des journées suivantes et la grève a été reconduite pour 24 heures par une cinquantaine de cheminotEs. Dans la foulée de l’AG, une autre équipe s’est rendue au centre de tri postal de Nîmes. 

Le lendemain (mardi 21), les grévistes se sont renduEs à la direction TER qui organisait des exposés sur les impacts de la réforme des retraites. Nous avons occupé la salle toute la matinée ou presque, pour contrer les cadres de la direction.

Ensuite, l’AG décisionnaire d’une trentaine de cheminots environ a reconduit la grève. Les organisations syndicales conservent un discours de mobilisation, avec toutefois des inflexions par rapport à la forme de la grève, car on en a déjà beaucoup fait et d’autres secteurs doivent prendre le relais pour continuer la lutte. La participation importante à l’AG a aidé et les échanges ont été nourris. Voici les notes d’un retraité de FO :

« Est-ce qu’on pourra continuer seulEs après 51 jours ? Certaines AG s’orientent vers des temps forts ? Après une forte journée vendredi, quelle sera l’évolution dans l’interpro ? Les cheminots s’épuisent, est-ce que ça peut basculer ?

On a réussi à faire une grève exemplaire parce qu’on n’a pas attendu le passage du projet devant le parlement. Par notre grève reconductible dès le début, on a provoqué le débat et entraîné le plus grand nombre dans le rejet du projet de loi, et le pouvoir est en difficulté.

On n’a pas à rougir de passer aux temps forts plutôt qu’être de moins en moins nombreux chaque jour (UNSA).

On n’abandonne pas le combat. L’AG de vendredi 24 sera forte mais lundi 27 ça va retomber.

On doit s’interroger sur l’efficacité : plutôt que des temps forts, ne serait-il pas plus important de maintenir un noyau en reconductible pour montrer qu’on ne lâche pas ?

On ne doit pas anticiper sur les temps forts. C’est la base qui décide.

FièrEs d’être cheminotEs nîmoisEs et de la fraternité de notre grève.

Des militantEs CGT font un retour de leurs interventions dans des Unions Locales et les grosses boîtes (Perrier) : il ressort qu’il y a de très fortes mobilisations (les 3 bus étaient déjà complets pour vendredi au départ de Bagnols/Cèze) et beaucoup de militantEs sont déterminéEs, mais ils et elles ont du mal à enclencher la grève dans les boîtes. »

 

Des actions pour mobiliser 

Au final, nous avons reconduit la grève jusqu’à jeudi 23 janvier. Mardi 21, la journée était réservée au tournoi et aux tractages avec des grévistes de l’éducation. Les salariéEs de Perrier ont débrayé pour tracter sur un important rond-point proche de l’usine avec des cheminotEs.

Mercredi 22, un rendez-vous interpro et unitaire était donné dans la matinée pour une action coup de poing. Une soixantaine de personnes étaient présentes pour le tractage pour annoncer un peu partout la grève et la manifestation de vendredi 24.

L’après-midi, un noyau de grévistes (une petite trentaine d’enseignantEs et de cheminotEs) s’est retrouvé devant la préfecture pour jeter des manuels scolaires aussi périmés que la politique du gouvernement.

Le soir, c’était une répétition pour reprendre la flash-mob lancée par Attac.

Le jeudi 23, ce fut piquet de grève aux ateliers de Courbessac avec tractage aux non-grévistes, repas et AG sur place. Un moment convivial ; c’était principalement le noyau dur qui était présent. Le soir, la retraite aux flambeaux fut un beau succès, et un moment où les liens se sont encore renforcés. Dans le même temps, des profs sont alléEs pourrir les vœux du candidat En marche Yvan Lachaud, ex-député centriste et principal adversaire du maire LR en place. Action réussie !

 

Les difficultés et les bons moments de la grève

Vendredi 24, un rassemblement avait lieu à la gare dès le matin avec petit déjeuner organisé par des cheminotEs et des profs. Ensuite, l’AG fut très importante numériquement au dépôt SNCF avec une centaine de grévistes, et la reconduction votée jusqu’au lendemain samedi 25. Nous apprenons à ce moment-là que nous sommes quasiment les derniers (avec l’AG de Béziers) en grève reconductible. Sur cette journée, même si presque tous les trains roulaient, il y eut sans doute eu une remontée du taux de grévistes. En même temps se tenait l’AG de l’éducation qui a reconduit la grève avec une cinquantaine de grévistes.

Vers midi, un repas était organisé au dépôt où, outre les cheminotEs, des grévistes d’un peu partout sont venuEs partager le repas (plus de 120 couverts). Grosse ambiance comme souvent quand il y a du monde. Les anciens entonnent l’Internationale qui est bien reprise, tout comme le chant des Gilets jaunes lancé par d’autres plus jeunes (« On est là… »). Ensuite nous sommes partiEs en cortège du dépôt pour nous rendre à la manif.

La manif est réussie, sans être au niveau du 5/12. Mais il a plu toute la journée et des manifs s’étaient déjà tenues le matin à Alès et Bagnols notamment. Les principaux cortèges remarqués : usine Perrier, CHU, cheminotEs, profs, territoriaux, Merlin Gerlin… La présence des partis politiques est à peine visible, hormis le point fixe du PCF (d’ailleurs ce dernier se retrouve finalement sans le PS aux municipales et en solo, alors qu’il avait lancé sa liste « citoyenne » plusieurs semaines après le début du mouvement des Gilets Jaunes). Les Gilets Jaunes se sont fonduEs dans la masse. La manif s’est finie pour certains devant le Medef, pour d’autres devant la gare, à peine plus tôt, et qui constitue donc le terminus de l’intersyndicale. Pour certainEs Gilets Jaunes, c’était une réussite de faire prolonger la manif jusqu’au siège local du patronat avec une partie du cortège syndical.

Ce jour-là, la grève dans le privé est restée forte à Perrier et Merlin Gerlin. À Haribo, l’usine a connu ce vendredi sa plus grosse participation ; les salariéEs ont défilé à Alès. Le soir, il y avait une soirée de soutien aux cheminots au bar du PCF avec de la musique et la remise d’un soutien financier via la vente de photos faite par un militant du POI.

Samedi 25, une assemblée générale cheminote s’est tenue avec une quarantaine de grévistes. Nous nous sommes résolu-es à faire grève sur les journées appelées par l’intersyndicale, donc la prochaine est ce mercredi 29. Il y a eu une AG lundi soir (le 27) pour faire le point et décider des suites, notamment jeudi et vendredi.