À Poligny, le 27 octobre, Sarkozy a tenté de détourner la colère du monde agricole. Mais il a laissé percer son mépris pour les paysans.Sarkozy a apporté des réponses à la crise du monde agricole comme un gouvernement répond habituellement à un aléa climatique. Mais on ne règle pas une crise structurelle avec de simples palliatifs. Cette crise est la conséquence directe d’une Politique agricole commune mise en place au niveau européen et négociée par les différents gouvernements qui se sont succédé depuis trente ans. Sarkozy et son gouvernement portent une lourde responsabilité dans la situation actuelle, ils ont accompagné ces politiques et plaident pour encore plus de libéralisation.La mesure phare consiste à octroyer des «prêts bonifiés» : les agriculteurs peuvent ainsi emprunter à un taux préférentiel (1% pour les jeunes agriculteurs et 1,5% pour les autres), l’État complétant la différence.
En plus d’un nouveau cadeau pour les banques, la seule perspective qui est donnée aux paysans pour s’en sortir est la fuite en avant dans l’emprunt, l’investissement, l’intensification, la concurrence de tous contre tous. C’est bien là le cœur du problème.
La deuxième mesure prévoit des exonérations de cotisations sociales patronales pour l’emploi des saisonniers, un cadeau supplémentaire pour les patrons de 170 millions d’euros. Et comme pour l’attribution des subventions agricoles : plus on est gros plus on profite.
Les dispositions annoncées par Sarkozy seront inefficaces et injustes : sur le fond rien n’est proposé concernant la nécessaire régulation des marchés agricoles et les paysans travaillant sur de petites fermes n’auront que des miettes. Pour couronner le tout, Sarkozy saupoudre ces mesures d’une touche de pétainisme et d’un zest de xénophobie : «La France a un lien charnel avec son agriculture, j’ose le mot : avec sa terre. Le mot «terre» a une signification française et j’ai été élu pour défendre l’identité nationale.»
On ne peut plus laisser faire : pour cultiver la terre, il faut la bourrer d’intrants et détruire l’environnement naturel... Nous ne voulons pas de cette agriculture, nous ne voulons pas de cette bouffe et nous somme déterminés à nous opposer à cette idéologie !Il faut changer de politique agricole et imposer de vraies mesures d’urgence permettant de bouleverser la donne. Assurer un revenu aux producteurs en maintenant et en améliorant les quotas laitiers : en empêchant la surproduction, on stabilise les prix.Sortir du système actuel qui subventionne en permanence les plus gros agriculteurs, en plafonnant les subventions par actif et en promouvant les agricultures respectueuses de l’environnement et des besoins sociaux. Il faut sortir l’agriculture du libre échange (de l’OMC) en la relocalisant progressivement : l’agriculture doit remplir sa mission de souveraineté alimentaire, d’aménagement du territoire et de création du lien social dans le monde rural.Commission agriculture et pêche du NPA.