Lund 4 février, Mediapart a fait l’objet d’une tentative de perquisition quelques jours après avoir publié de nouvelles révélations sur l’affaire Macron-Benalla. Selon le Monde, c’est sur la base d’un courrier du directeur de cabinet du premier ministre, que le procureur de la République de Paris a ouvert une enquête. La dérive autoritaire de Macron se poursuit…
Même Hollande, pendant les révélations sur Cahuzac, n’avait pas osé. Macron, lui, l’a fait. Suite à une lettre du directeur de cabinet d’Édouard Philippe, le procureur de la République de Paris, très proche de Macron, a ouvert une enquête pour « atteinte à l’intimité de la vie privée de l’ancien collaborateur du chef de l’État Alexandre Benalla et/ou de son acolyte, le gendarme Vincent Crase », selon les mots de Mediapart, alors que ni Benalla ni Crase n’ont eux-mêmes porté plainte ! Et une tentative de perquisition a eu lieu dans les locaux de Mediapart, le 4 février quelques jours après la publication d’enregistrements d’une conversation entre Benalla et Crase.
Liberté d’informer
Face à un début de scandale d’État impliquant le noyau dur du pouvoir, le parquet de Paris a voulu identifier les sources de Mediapart, attaquant ainsi un droit fondamental : celui de la protection des sources. Pas si étonnant quand on se rappelle que, la semaine précédente Macron, selon Le Point, a indiqué sa volonté d’une sorte de mise sous tutelle de la presse…afin de permettre sa « neutralité ». Sans doute une promesse qu’il l’a faite à ses amis grands patrons de presse. On en rirait presque si ce n’était si grave !
Cette perquisition montre, une nouvelle fois, les tentatives des gouvernants de mettre au pas la presse, de la museler. Rappelons-nous les mises sous écoute de journalistes, comme ce fut le cas par exemple de celui du Mondequi s’occupait de l’affaire Woerth-Bettencourt, ou encore les attaques sans précédent du pouvoir de l’époque, mais aussi d’une certaine caste journalistique contre Mediapart au moment de l’affaire Cahuzac. La critique des médias est plus que nécessaire tant aujourd’hui l’information est malmenée, instrumentalisée, sacrifiée car soumise à des impératifs de rentabilité. Mais s’attaquer à la liberté d’informer et à la liberté de la presse est une attaque contre un droit démocratique élémentaire.
Dérive autoritaire
Cette tentative de perquisition montre, à la fois, la crise et le scandale politiques en cours mais aussi, une nouvelle fois, la dérive autoritaire du pouvoir actuel. Macron, affaibli par la mobilisation des Gilets jaunes, qui tient depuis plus de 12 semaines, est en panique. Alors que le « grand blabla » semble avoir réveillé, dans les sondages, une partie de son électorat le plus fidèle, un scandale politique risquerait de tout anéantir ! Une dérive autoritaire du gouvernement qui ne s’arrête pas à sa volonté d’un retour à l’ORTF, mais se voit également dans la rue chaque semaine avec la volonté de « briser » le mouvement des Gilets jaunes avec un bilan toujours plus lourd ; 175 blesséEs à la tête ; 17 éborgnéEs et 5 mains arrachées, dont la dernière samedi dernier devant l’Assemblée nationale. Sans oublier la loi « anti-casseurs » qui permettra d’interdire, sans passer par un juge, à des personnes de manifester…
Joséphine Simplon