Publié le Lundi 22 juillet 2013 à 08h10.

Calvados : la Préfecture veut mettre les étrangers à la rue

Le préfet voudrait limiter l’accueil des étrangers demandeurs d’asile ou déboutés du droit d’asile. En riposte, avec l’aide de partis, de syndicats et d’associations, des logements inoccupés ont été réquisitionnés. Une centaine d’étrangers ont déjà été expulsés des centres d’hébergement d’urgence et 600 autres pourraient se retrouver à la rue d’ici fin août. Le préfet invoque les restrictions de crédits. En fait, il veut rendre l’hébergement plus difficile dans un département trop accueillant à ses yeux, quitte à créer des situations très difficiles pour les personnes concernées, dont des enfants. Or, les logements inoccupés sont nombreux, y compris dans le parc social. Ils pourraient permettre l’hébergement de toutes les personnes concernées, dans de bonnes conditions et, de plus, à un moindre coût qu’à l’hôtel ou chez des marchands de sommeil, formule mise en œuvre par les pouvoirs publics depuis des années malgré les critiques des associations.

Réquisition !Mais ces expulsions estivales ne passent pas. Le Collectif 14 pour le respect des droits des étrangers, qui réunit des associations comme l’Asti, la Cimade ou la Ligue des droits de l’homme, des syndicats comme Solidaires ou la FSU, et des partis politiques, du NPA au PS, a réagi immédiatement. Des militants de diverses composantes du Collectif, des militants libertaires et plusieurs personnes expulsées ont réquisitionné un ancien centre d’hébergement, inoccupé, le 202 rue de Bayeux à Caen. Ils ont créé une « assemblée générale de lutte contre toutes les expulsions ». Alors que la vie s’organise avec les vingt à trente personnes qui ont désormais un toit, dont des familles avec des enfants en très bas âge, le propriétaire du lieu, un organisme HLM propriétaire de 18 000 logements dans le département, a porté plainte pour occupation illégale… de logements inoccupés depuis septembre 2012 ! La popularisation de l’action et le soutien s’organisent. Des manifestations se déroulent tous les lundis devant la préfecture, sans oublier le conseil général, qui, lui non plus s’assume pas ses obligations comme la protection de l’enfance. La question d’élargir le mouvement de réquisition dans d’autres villes se pose, car la situation n’est pas meilleure dans bon nombre de départements. Contre les politiques de restriction qui frappent le plus durement les immigrés et les plus démunis, un mouvement d’ensemble est nécessaire. En tout état de cause, à Caen, le Collectif est bien décidé à ne pas lâcher et à faire respecter le droit à un logement pour tous, y compris les demandeurs d’asile et les déboutés du droit d’asile.

Correspondant