Depuis ce lundi, Vincent Peillon affiche dans les établissements scolaires sa fameuse Charte de la laïcité, un panneau sous-titré « la Nation confie à l’école la mission de faire partager aux élèves les valeurs de la République ». Les enseignantEs sont donc somméEs d’afficher la Charte, de la publier dans le règlement intérieur, de la présenter aux parents d’élèves et de s’en inspirer pour les projets d’école ou d’établissement.
Cette mesure peut paraître un écran de fumée en cette rentrée marquée par l’attaque contre les retraites et la mise en place de la réforme des rythmes scolaires, sans parler de la nouvelle réforme du recrutement des enseignants ou le gel des salaires... Les gouvernements sont passés maîtres dans l’art de lancer des grands débats divisant les salariéEs au moment de faire passer des réformes particulièrement désastreuses. Peillon va jusqu’à promettre de former les enseignantEs à la morale laïque, alors que le temps de formation continue des enseignants a été cette année divisé par deux…
Après le déluge réactionnaire et raciste de la droite puis de Valls, certains trouveront sans doute la morale laïque de Peillon sympathique. Mais les discours de Peillon et de ses conseillers nous éclairent sur un état d’esprit qui, s’il est différent de celui de Valls, est bien une des colonnes vertébrales de la politique du gouvernement.
Pour Peillon, à la base de la crise économique, il y a une crise morale et intellectuelle. La morale est pour lui une « contrainte intérieure », à la différence de celle de la police, laissée à Valls. Une contrainte intérieure qui se conjugue avec insistance sur la visibilité dans les écoles des drapeaux et de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 (garante aussi bien de l’égalité que de la propriété privée des riches…).
Peillon inscrit ses décisions dans la stratégie du gouvernement de « redressement de la France », exigeant dès la maternelle cette « contrainte intérieure » pour « œuvrer à l’intérêt général »... Il s’agit bien de faire en sorte que les jeunes, à l’école puis au travail, se sacrifient pour les intérêts du patronat et des classes dirigeantes françaises. Nous le refuserons dans la rue.
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