L’État a cru en avoir fini avec les réfugiéEs sur Paris par l’intervention policière, le démantèlement des campements de Jaurès et Stalingrad et la création du centre de tri de la Chapelle par la mairie de Paris. Mais la dispersion ne fait pas la disparition...
Et les centres d’accueil sont très insuffisants par rapport à la demande. Nombre de réfugiéEs se sont présentés à la Chapelle plusieurs jours de suite, en espérant une place, mais ils ont été chassés par la police qui les a dispersés.Faute de mieux, les campements se reconstituent puisque l’accueil n’est pas assuré, puisque la rue est le seul espace toléré et provisoire où les réfugiéEs peuvent vivre. C’est ainsi que des migrantEs se sont installés au nord de la Chapelle, sur le terre-plein central de la couverture de l’autoroute A1 qui traverse La Plaine-Saint-Denis. Des dizaines de tentes, plusieurs centaines de personnes.Ces nouveaux campements viennent en rejoindre un autre, celui des expulséEs de l’immeuble situé au 168 de l’avenue Wilson. L’expulsion a eu lieu le 25 août, et les habitantEs – qui ont tout perdu à cette occasion – ont choisi de rester devant l’endroit où ils ont vécu, certains depuis de nombreuses années, où leurs affaires ont été séquestrées dans les appartements murés par l’huissier.
La solidarité, malgré tout...Les histoires ne sont pas les mêmes, mais le mépris, le cynisme des autorités sont bien partagés. Le préfet du 93 a déclaré que les campements de La Plaine étaient dans le « viseur » ! « La réponse sera assez ferme », a-t-il ajouté. Comme elle l’a été pour le camp Rom des Joncherolles, au nord de Saint-Denis, démantelé jeudi dernier...La police est intervenue lundi matin sur le campement du 168 Wilson, bloquant les habitantEs dans leur tentes, puis les « nassant » brutalement pour un contrôle d’identité, délivrant des OQTF à ceux qui ne pouvaient présenter de papiers. Cette réponse policière du pouvoir n’est pas étonnante quand on sait que le député local est... Bruno Le Roux, le nouveau ministre de l’Intérieur. On peut donc s’attendre à une intervention du même type sur les autres campements dans les jours qui viennent. Grâce à la détermination des expulséEs, des réfugiéEs, la solidarité se développe. Un collectif de soutien très large s’est constitué. Des voisins solidaires revendiquent leur soutien qui prend de multiples formes, collectes, petits-déjeuners, installation d’un barnum, mais aussi politique, ce qui contraint la municipalité, bien frileuse, à se bouger un minimum. Et c’est bien la seule façon de peser sur ce pouvoir afin de lui imposer le respect du droit au séjour, au logement, à la dignité humaine qu’il a complètement oublié.
JMB